Comment réussir en indie? Post-mortem de mon premier essai

Pour ceux qui ont suivi ma vie, je viens de tenter la publication en indépendant avec « Les Larmes du Dragon : Le Passeur de Mondes ». J’ai écrit ce petit roman jeunesse pour l’appel à texte de l’Allée des Conteurs en avril dernier et je l’ai publié le 15 août dans le cadre du concours Amazon. Voici le post-mortem de l’aventure. De plus, j’en profite pour vous livrer quelques « takeaway » de la formation du Labo de l’édition sur le commerce du livre numérique.

écrivain indépendant

Mise au point

Pourquoi j’ai publié ce livre en indie ? Pas parce que les maisons d’édition n’en voulaient pas. Elles n’ont jamais été informées de son existence ^-^ Non, je reviens de Montréal où je travaillais dans le milieu du jeu vidéo indépendant. Alors pour moi, être indie, cela va au-delà de publier un livre. Être indie c’est être un entrepreneur, c’est prendre son destin en main, c’est ne pas attendre en grattant à la porte des maisons d’édition qu’un maître daigne nous ouvrir. Être indie c’est construire sa propre destinée. Là, dans votre esprit, il me manque juste la grosse épée et l’armure pour parfaire le tableau 😀

Près de deux mois plus tard, j’ai déchanté. Mais vraiment déchanté.

J’avais payé deux relecteurs pro (La Plume Numérique et Emmanuelle Lefray, Correctrice) pour produire un texte de qualité. J’ai aussi sollicité un super illustrateur pour avoir une image de couv de qualité. Et tout le reste, en bon indépendant, je l’ai fait moi-même. La communication, le maquettage, la mise en ligne et tutti quanti. Bilan, près de 2 mois plus tard, des commentaires 4 ou 5 étoiles, des chroniques de blogueuses satisfaites, donc un livre qui semble de qualité (bon, les amis ne me descendraient jamais, hein? ;). Alors, wouah ! Objectif atteint ? Mais non, splash ! Grosse panade. A peine plus de 50 ventes et près de deux mois sans avoir le temps d’écrire une ligne, malgré mon engagement d’écriture et de bêta lecture dans un challenge de l’Allée des Conteurs (bon, j’abuse, je corrigeais en parallèle un autre roman, je fais mon Caliméro ;^; ). Mais j’ai passé beaucoup de temps en petits détails parfois idiots et en marketing pour un résultat, soyons honnête, très médiocre en termes de ventes. Donc, même si cette expérience m’a permis de tisser des liens avec des partenaires et des blogueuses magnifiques (certaines se reconnaîtront ^^) ainsi qu’avec un journaliste de ma région bien sympa, je ne le ferais plus. Pas comme ça en tout cas.

Alors, la solution ?

Hier, j’étais à une formation sur le commerce du livre numérique organisé par le Labo de l’édition, un formidable espace de co-travail parisien (j’en ferais un long compte rendu bientôt). La formation était destinée aux éditeurs je pense, mais autour de la table, il y avait de tout, dont un seul indie, moâ… D’ailleurs, WTF ?! Où étiez-vous les copains ?

Cette journée m’a permis de prendre conscience des différents rouages de la chaîne du livre numérique. Et j’ai compris mon (mes) erreurs que je partage avec vous aujourd’hui, même si certains crieront à l’évidence :

  • L’indie est une personne, une marque, une collection, une ligne éditoriale, tout cela à lui tout seul. Vous devez réfléchir à votre elevator speech. Ex. « Je suis un écrivain indé de SFF, rebelle et inspiré de manga » (OK peut mieux faire 😉 Il faut vous trouver une identité graphique, comprendre ce qui fait le point commun de tous vos livres, ce que vous êtes. L’indie doit aussi avoir une histoire intéressante à raconter. Sinon les journalistes ne vous écouteront pas.
  • Un indie est aussi un Editeur. A ce titre, il doit se mettre en contact avec un maximum de revendeurs ou alors directement avec un diffuseur qui gère les revendeurs. Il doit aussi développer ou payer des expertises métier : relecteur spécialisé, correcteur, graphiste, chargé de communication, etc.
  • Amazon, comme Apple ou Kobo, est un revendeur, pas un diffuseur, ni un chargé de communication. S’il trouve que votre livre est bien, il le mettra en avant, comme n’importe quel libraire. Mais Amazon est un algorithme, pas un petit monsieur à lunettes derrière son comptoir. Votre livre est bien, si et uniquement si, il vend beaucoup (ou si vous payez), donc, c’est à vous de mettre en marche la machine. Il paraît que Kobo a une meilleure politique, à tester lorsque je serais libérée de ce p*** de KDP select. Bien sûr, il y a des astuces de geek pour augmenter son référencement (catégories, métadonnées, bon usage des réseaux sociaux, etc.), mais il y a toujours un travail de forçat à fournir en amont pour les premières ventes, pour trouver vos premiers lecteurs. Un travail que j’ai essayé d’accomplir avec mes maigres compétences, où j’ai lamentablement échoué, et que je redoute de devoir effectuer à nouveau.
  • Donc, un indie est un marketeur. Pour atteindre vos lecteurs, vous devez vous mettre en contact avec des prescripteurs, i.e. les journalistes et blogueurs, les leaders d’opinions, etc. L’indie doit donc porter la casquette du chargé de communication, ou à défaut, déléguer ce travail. Pour le faire soi-même, la théorie est simple : Il faut s’adresser aux lectrices et aux blogueuses copines, se construire une légitimité avec quelques articles et des commentaires avant de passer à l’échelon suivant : communiqué de presse et contact de la presse locale et spécialisée, webzines, podcasts, etc. Puis l’échelon suivant : les grands médias, les leaders d’opinions ou même la publicité. Moi, j’ai arrêté au stade des copines. Les premiers mails sans réponse m’ont refroidie direct ! Mais si vous êtes capables de continuer, foncez ! (contre des heures de votre vie)

Autre takeway : Les médias sociaux ne sont pas des journaux. Même si vous avez plein d’amis sur Facebook, ce n’est jamais que reproduire le schéma du cercle familial IRL, en l’étendant un peu. On achète votre livre pour vous faire plaisir, on est agréablement surpris de sa qualité et on en parle un peu et puis… le soufflé retombe. Bien sûr, si on gère bien, les réseaux sociaux peuvent aider, surtout si on organise des événements, des concours, des promotions, etc. Je maîtrise pas trop mais je tenterais encore… Dernièrement, j’ai appelé au secours pour trouver un maquettiste. J’ai eu plus de 10 suggestions en trente minutes. Voilà à quoi sert Facebook pour moi : se faire des copains, s’entraider. Après, lorsque je serais connue avec plus de 1000 fans sur ma page auteur, on en reparlera… Aparté dans l’aparté: oubliez la promo Facebook pour vendre un livre, le taux de conversion est minable. Tout le monde voit votre publication (à commencer par vos copains) et personne ne clique. Pour les livres gratuits et les promotions limitées dans le temps, c’est peut-être différent…

Aparté 2 : Publier jeunesse en numérique sans alternative papier, c’est un suicide. Je ne compte plus les personnes qui m’ont dit : « Oh… dommage que mon enfant ne puisse pas le lire sur un vrai livre. » « Euh… mais c’est quoi un kindle ? » Evidemment, j’aurais dû y penser ! bong ! (bruit de ma tête contre le mur). Le numérique marche très bien avec la 1. la littérature sentimentale ou érotique, 2. la Fantasy, 3. les thrillers (pas forcément dans cet ordre). Mais pas avec la jeunesse!

Alors la solution ??! (ah, ah, ça arrive !)

Un indie est un entrepreneur. Un entrepreneur prend des risques. Un entrepreneur investit. Je vais investir. Cela vous semble fou ? Réfléchissez: une maison d’édition prend des risques sur vous si elle choisit de vous publier. Pourquoi elle investirait et pas vous? Réfléchissez bis : aimeriez-vous devenir assez riche pour ne plus avoir à travailler mais ne faire que ce que vous aimez ? Quelle est la probabilité que cela arrive avec votre emploi actuel ? Surement proche du zéro (pour moi en tout cas). Alors ? Ou investir votre argent ? En bourse ? A la française des jeux ? Autant investir sur vous-même.

Donc, en plus du budget graphisme et correction, si un de mes livres en vaut la peine, je lui adjoindrai un budget diffusion / communication. Je paierais les offres promotionnelles d’Amazon et d’autres revendeurs. Je vais aussi tenter les services d’Iggybook puis de Librinova, sur mes deux prochains livres, puis je tenterais ceux des startups qui ne manqueront pas de se monter dans un avenir proche. Car l’univers du livre numérique et de l’autoédition est encore un brouillard d’où tout peut surgir, monstre comme bateau magique. Affaire à suivre…

Si vous avez des expériences à partager avec  Iggybook ou tout autre startup ou d’autres remarques, postez un commentaire! Merci de partager votre savoir !


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Auteur : Ghaan Ima

J’écris depuis 10 ans, j’ai des idées plein la tête d’univers de SFF inspirés de mangas : geeks, otakus, anarchistes sur les bords et un peu barrés.

  • Bienvenue dans l’univers du soufflé au fromage ! 🙂
    Avec ma dernière production, j’en suis au bon moment: celui où le soufflé est encore dans le four et qu’il gonfle.^^
    Je croise les doigts pour ne pas le voir sortir trop vite du four ! 🙂
    Ah et ton livre est formidable. Je compte bien le faire lire à ma fille de 11 ans, sur ma Kindle. Et oui. Je lui apprend à lire en numérique ! 😉
    Courage et confiance !

    • Merci pascal! Tes encouragements me font super plaisir ! Et j’ai vu pour le chant de l’arbre mère, tu as fait un démarrage excellent, je pense pas que le soufflé retombera. Tu t’y prends de façon bien plus intelligente que moi et ton univers est génial, tu vas rendre accrocs tous les lecteurs de SF de kindle kobo & co réunis ^-^
      A bientot pour un autre retour d’expérience? Celui que tu viens de publier était déjà très utile 😉
      Merci!

    • Je suis en train de rédiger ma chronique de ton roman. Je te l’enverrai avant publication 😉 merci pour tes encouragements également, au passage. Et pour ton aide sur le recueil de nouvelles lié à mon « chant » ! Je n’ai pas encore trouvé le temps de retravailler ces textes. Je te ferai signe lorsque ce sera le cas.

  • Je me demande si une utilisation des plateformes de publications pour sortir de son cercle d’amis et se trouver un lectorat actif ne permet pas de gagner en efficacité que ce soit avec facebook ou twitter ?
    ça demande du temps, une construction en amont, mais est-ce que ça n’offrirait pas une autre approche permettant de moins partir de 0 ? Je me pose la question depuis un moment, je verrais peut-être en temps utile ce qu’il en est.
    De même l’extrait/la première partie/le premier épisode proposé gratuitement a l’air porteur, mais je ne sais pas si ça peut s’appliquer à n’importe quoi.

    En tout cas, c’est un intéressant retour d’expériences, merci Ghaan.

    • Merci de cette réflexion Sizel!
      Qu’entends tu par plateforme de publication? La webpublication par chapitre comme sur leconteur.fr tellyon ou wattpad ? En effet je trouve ça vraiment bien, en plus on a des retours et des corrections 😉
      Par contre, je cherche toujours le business model (désolée d’être intéressée, mon but c’est de vivre de ma plume!). Parce que ce serait pas fairplay de mettre 10 chapitres sur une plateforme et de dire au lecteur, si tu veux la suite achète le livre! ou alors mettre certaines histoires gratuites pour capter le lecteur potentiel puis proposer les autres en payante?
      Sinon le premier chapitre gratuit etc. semble très bien marcher comme Pascal Bleval le montre en ce moment!
      Il fait d’ailleurs un petit retour d’expérience sur les pièges à éviter lors de la publication en épisode:
      https://pascalbleval.wordpress.com/2015/10/06/lemotion-de-la-publication/

      Affaire à suivre! ^-^

    • Oui, je parle effectivement de ce genre de plateforme ^^

      Pour le business model, c’est clairement une action sur le long terme. Après, je pense que ça dépend énormément du moment où on se lance là-dedans. Je m’explique :

      Pour moi c’était en amont de toutes idées d’éditions et ce sont les retours lecteurs qui m’ont fait envisager l’idée. Dans un premier temps (et je fais de même avec Orion et sûrement avec Traces du passé) J’ai publié mon projet au fur et à mesure, à présent il est supprimer pour aller vers sa « deuxième vie » à savoir le gros travail de finalisation (qui a été fastidieux) et la publication (traditionnel ou indé, on verra ^^). L’avantage, c’est quand dehors de mon cercle d’amis et de ma famille, il y a déjà des gens qui me disent être prêt à l’acheter (vrai ou pas, on verra en temps utile), impliqué dans mon travail et ça donne envie d’aller au bout ! De même, ma page Facebook a été crée en partie pour nouer un lien particulier avec ces personnes là !

      Ensuite, je ne suis pas sûre que ça fonctionne uniquement dans un but d’appel (mettre une partie ou une oeuvre pour attirer le lecteur) pour la bonne et simple raison que je reste persuadée que le commentaire appelle le commentaire et que le premier n’est pas forcément simple à acquérir sauf à réellement s’investir sur la plateforme en allant notamment lire d’autres auteurs.

  • Bonjour

    Je vais dire ici un truc que tous les éditeurs peuvent comprendre, mais qui est inaudible pour un auteur (même indie). Pour vendre, il faut que l’œuvre soit en synchronisation avec ce que les acheteurs attendent. L’histoire japonisante écrite par un fan de manga assumé est à côté de la plaque sur plusieurs points :

    – Les Fans de manga ne sont pas, en général, des lecteurs de romans. BD où animés sont leurs supports de prédilection, la littérature n’est utilisée que sur certains forums de « role play ».

    – Les auteurs qui se disent inspirés par les mangaka ne proposent pas en majorité des contenus de qualité. Pas seulement les amateurs, les professionnels se plantent aussi. Combien de BD ont étés produites par de gros éditeurs se targuant de faire partie de la vague Manga. Combien de réels succès ? Les amateurs de manga savent que le centre de la créativité du genre se trouve au Japon et nulle part ailleurs. La copie, même faite avec brio, n’est jamais qu’une redite de choses faites par ailleurs.

    – S’intituler Fan de Manga, n’est pas valorisant pour tes écrits. Une foultitude de fans de manga ont diffusé tellement de manuscrits sur le genre, de basse qualité que te classer parmi eux est un vrai problème. En lisant le contenu de ton blog, je me suis rendu compte que cet « a priori » te concernant semble totalement faux. Que ton écriture (en tout cas sur ce blog) est mature. Mais celui qui passe devant ton offre ne mettra pas autant de temps que moi pour la découvrir. Il restera sur l’avis préconçu qu’il a forgé dans les six premières secondes qu’il a consacrées à évaluer sa décision d’achat éventuelle.

    Je suis en train d’achever un roman qui emprunte quelques idées à des mangas. Par exemple, les chevaliers, dont les artefacts magiques, ont été désactivés, développent un système de commande vocale pour lancer leurs ensorcellements. Ils sont donc obligés de crier le nom du sort qu’ils veulent utiliser (comme dans Goldorak). Une partie de mon histoire ressemble diablement à celle de l’animé « Last Exile ». Bref, moi aussi, je suis un peu influencé par la culture japonaise, mais je n’en dis rien et je laisse le soin à mes lecteurs de découvrir mes références.

    Maintenant, il est difficile pour un éditeur de faire comprendre ce qui se trouve dans un roman et fait souvent des comparaisons avec un best-seller lorsqu’il écrit le quatrième de couverture. Moi-même, je n’ai pas échappé à l’exercice et j’ai cité « Game of throne ». Mais je n’ai pas dit que c’était une copie, loin de là.

    Bref, je pense que pour vendre, il faut présenter un produit qui possède une clientèle existante et identifiable. Qu’il faut savoir le valoriser pour cette clientèle. Comme je l’ai dit, c’est la démarche inverse de celle de l’auteur qui espère que son univers trouvera son lectorat.

    Merci, pour ces pistes de réflexions et bonne continuation.

    • Ahah! Attends, laisse-moi encaisser… à côté de la plaque? Euh…
      Bon, ça y est, j’ai digéré, je réponds 😉

      Déjà, merci pour ce long comm, qui me fait très plaisir vu la longueur de mon article de départ! Tu as bossé presque autant que moi et pour mon bien! ^-^ Permets-moi de te faire une réponse plus longue encore 😉

      Bon, il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis même si c’est tourné de façon un peu crue, mais il y a aussi des impondérables et des faits qu’on ne peut pas changer. Je m’explique:

      – J’ai parfaitement conscience que pour qu’une œuvre rencontre le succès, il ne faut pas seulement qu’elle soit bonne, il faut qu’elle rencontre SON public. (c’est ce que certains appellent le « coup de bol », mais bien sûr, c’est plus complexe que cela) Et parfois, il faut savoir tourner les choses de façon à plaire à une audience potentielle. Prenons l’exemple de « Mira », mon dernier roman. Une de mes audiences potentielle était les hommes fan de hard SF (parce que je fais pas dans la dentelle au moment des combats et que mes univers sont assez scientistes). Malheureusement, Mira contient aussi de la romance et promettre de la hard SF pour qu’en plein milieu il y ait des « je t’aime, moi non plus« , c’est méchant et ça me vaudrait des comm assassin sur Amazon. Certains me diraient « De la romance? Bingo! fais une couv genre roman photo avec une police girly et tu vas vendre! » Oui mais voilà, des filles qui recherchent avant tout de la romance vont se sentir lésées par tout le côté « shonen manga, jeux vidéo, baston berserk » de ce roman et idem, elles me mettront des commentaires enragés sur Amazon car elles auront été trompées. Alors? Que faire? Omettre une partie de la vérité pour vendre, quitte à risquer de frustrer ses lecteurs obtenus par hasard ou bien livrer son oeuvre en toute honnêteté avec une couverture d’otaku qui lui correspond et un résumé qui avoue franchement qu’on mêle les styles, et bien sûr, se condamner à très peu vendre?
      Pour moi, le choix était très vite fait. C’est comme ça, j’écris des mélanges de shojo/josei et de shonen/seinen (même pour un mangaka japonais c’est chaud d’être à la croisée des mondes), j’assume et je continue.

      – Ensuite, un auteur indie ne pourra jamais résonner comme un éditeur car on prend le problème à l’envers. L’éditeur a une ligne éditoriale et une audience qui va avec. En toute logique, il prend des auteurs qui vont avec cette ligne éditoriale et rejette les autres (c’est de bonne guerre). Après, son problème est de prouver à son audience qu’il a fait le bon choix en sélectionnant cet auteur. Travail d’éditeur.
      Un auteur indie, lui, ne choisit pas ses écrits, car il écrit ce qu’il est. Désolé pour tous les défauts des mangas en roman, c’est là que je trouve ma source d’inspiration, pas dans le énième X-men, dans un Heroes, ou dans un Pacific Rim qui n’est qu’une pâle copie de ce qui est tout un genre au Japon (sans offense aucune). Cela ne changera pas et j’ai tout à perdre de cacher qui je suis et vraiment rien à gagner. Un auteur indie n’a pas à plaire à une audience cible, il doit trouver la sienne, même si cela peut sembler un calcul de bisounours. ON A PAS LE CHOIX! Un jour un ami anglo saxon très versé dans le marketing m’a dit: « On a tous une audience quelque part, il suffit de la trouver« . Soyons honnête, je cherche encore la mienne, et plus le temps passe, plus je me dis que je vais devoir la créer de toute pièce. C’est long, c’est compliqué, mais c’est comme ça. Cela peut prendre 20 ans. J’y suis préparée (c’est mon cerveau gauche qui parle, le cerveau droit désespère).
      En effet, si un éditeur peut ne sélectionner que ce qui est dans l’air du temps, un auteur honnête ne peut pas écrire pour faire ce qui plaît à la masse. C’est la meilleure façon de créer de la soupe et de ne jamais se démarquer. Et soyons honnête, ce n’est pas créer. Alors, oui, je devrais peut-être écrire de la romance érotique et des thrillers avec des psychopathes « qui nous accrochent dans le bas du slip » comme dirait Desproges, car c’est ce qui se vend le mieux sur Amazon! Mais, bon… Tu le ferais toi? Et si tu le faisais, tu crois que ça marcherait? « De la confiture à des cochons » comme disait Noir Désir. Quel mépris! Je respecte trop les lecteurs et les écrivains de ces deux styles pour prétendre que je peux égaler les passionnés. Et puis… j’ai prêté allégeance au monde de Fantasia et je me dois d’écrire ce que j’ai dans le coeur, qu’importe que mon audience soit de 10 personnes disséminées aux quatre coins de la toile. C’est à moi de la trouver en optimisant ma façon de peaufiner et de marketer, pas en changeant ce que j’écris. Et si j’échoue encore, c’est que je n’ai pas essayé assez fort, comme dirais un maître scarabée.

      – De plus, je suis 100% en désaccord avec toi sur le fait que ce qui est bon en manga viendra toujours du japon. Déjà, on parle de scénario ici, pas de trait graphique et de BD. Et si les japonais ont leur force (principalement une culture mêlant occident, shintoisme et bouddhisme), les français ont la leur. Ou, plutôt que de parler de force et de talent, pourquoi ne pas simplement parler de différences. Certaines histoires ne pourront jamais être écrites par des japonais. Par exemple, j’ai un univers de super pouvoirs qui se passe en banlieue parisienne avec tout ce que cela implique. Crois-tu qu’un japonais pourrait l’écrire? Et même un français, est-ce qu’un parisien traitera le sujet de la même façon qu’un mec né à Clichy-sous-bois? Dans le même style, on pourrait croire que cela ne sert à rien d’écrire du Space Opera car ce genre a été construit par des écrivains devenus des quasis dieux du genre. Mais dans ce style aussi, toi et moi avons encore des choses à écrire. Car personne ne pourra jamais écrire à notre place ces histoires que nous avons dans le coeur, surtout si c’est un vieil écrivain qui écoute encore les Rollings Stone et qui est né de l’autre côté de l’Atlantique, ou un jeune mangaka qui n’est jamais sorti de Tokyo. Et cela vaut aussi pour les français qui dessinent des mangas. Si les éditeurs n’ont pas à se fouler et qu’ils n’ont qu’à traduire les succès du Japon, cela n’empêche pas que de nombreux auteurs grandissent en France, se trouvent un lectorat, et que tout récemment, une maison d’édition qui publie principalement des mangakas français vient de se créer (l’hydre à deux têtes/ weekly comics). Quid de ceux-là? Devraient-ils abandonner toute prétention à faire du manga alors qu’ils sont nés et ont grandi dedans?

      – Mais bien sûr, tu as raison sur le fait qu’il faut mettre des références dans son quatrième de couv. Sauf que pour moi, la référence de Mira, c’est Akira, Scryed et d’autres trucs à base de Stands. 100% manga. Un peu de Dune, ouais… mais si peu, si ténu, juste dans le rapport à l’eau. Et puis, trop peu de gens connaissent cette bible de la SF américaine, alors… qu’est-ce que cela change pour un lecteur lambda? (désolé je sais que tu es un grand fan, moi aussi, mais franchement, le nombre de lecteurs de SF qui ne l’ont pas lu… c’est affolant!)

      – Et tu as surtout raison sur un point très important. En lisant ma bio, on pourrait croire que je ne lis que des mangas, que je ne suis pas un écrivain car pas un lecteur (car oui, pour bien écrire il faut d’abord lire beaucoup, je l’admets). Alors je te promets que quelque part sur mon site, je vais préciser que seul mon imaginaire se nourrie de manga et que ma plume mange surtout des classiques du 19ème mêlés à des policiers du 21ème et à de la SF du 20ème.
      Enfin… c’est à double tranchant car il y a une vaste audience pour les romans manga. On la trouve sur Wattpad et elle est allergique à la haute littérature. Donc… je devrais peut-être écrire mes histoires comme un synopsis? Comme le font tant d’ado sur Wattpad, histoire de plaire à ma cible?
      Mais encore une fois, en tant qu’entêté d’auteur indie, je ne le ferais pas, car, quand je me définis comme « écrivain de roman manga », ce n’est pas une vague inspiration, ou un effet marketing à la con. Le roman-manga, c’est avant tout le défi de retranscrire en mots des univers conçus pour être mis en images. Comment rendre le détail sans étouffer le lecteur sous les descriptions? Comment faire comprendre à un public néophyte des codes propres au manga? Comment donner la sensation de mouvement et d’action trépidante? Et, surtout, comment rendre le style? Ce bon dieu de style qui n’existe que dans les mangas? ça, c’est l’affaire d’une vie de réflexion et de travail d’écriture. Je ne gagnerais jamais le Goncourt pour cela, mais putain, crois-moi que je bosse dur depuis 10 ans et que ce n’est pas fini. Je suis un écrivain de ROMAN-MANGA. Rien d’autre. Bien sûr, j’ai lu la Chanson de la glace et du feu, j’apprécie, c’est terrible même, mais ce n’est pas ça qui m’a forgée en tant qu’écrivain. Et même lorsque j’écris des nouvelles de romance historique en empruntant la plume de Dumas (la plume à concours), on trouvera aussi des effets, des tentatives, un travail d’écrivain qui veut rendre le manga en prose.

      Je reste ce que je suis. Je suis ce que j’écris. Mais si j’avais su dessiner, je serais mangaka.
      Cela aussi, je ne devrais peut-être pas le dire…

      Merci pour tes conseils en tout cas! Il y en a un que je vais appliquer très vite 😉
      et bonne chance pour tes projets!

  • Désolé d’avoir été aussi extrême dans mes propos. « Une franchise brutale » a toujours ma façon de m’exprimer, ce qui tu t’en doute surement, me permet de me faire des amis ^^). Je serais plus court dans ce message pour ne pas transformer les commentaires de ton blog en troll hors sujet.

    Mon objectif n’était pas de t’attaquer personnellement pour te faire devenir un candidat potentiel pour le prochain Goncourt. Je serais bien mal placé pour devenir le chantre de l’élite littéraire, moi qui ne suis qu’un humble prolétaire né de la littérature de l’imaginaire. (Oui, avec de telle phrase, il faut avouer que je crée la confusion…). Bref j’sais tout juste aligner deux paragraphes en faisant moins de 130 fautes, c’est pas moi qui vais donner des leçons. Tu as une sensibilité d’auteur que je respecte, et loin de moi l’envie de te voir en changer.

    Par contre, la façon de vendre le truc, c’est le travail d’un marketeur, et pour celui-ci les conducteurs de son action tiennent en quelques mots : Potentiel adressable, nature de la cible, moyens d’atteindre cette cible, valorisation de l’offre et test d’évaluation du retour sur investissement (grâce à dieu il existe aussi le « A-B testing » qui devrais t’intéresser).

    Lorsque tu parles « Shojo » ou « Shonen », tu les qualifies comme étant des styles littéraires. Mais en fait ce sont des cibles marketing. Des cibles aussi antagonistes que peuvent l’être les deux sexes (et plus si affinité) qui composent notre humanité (N’est-ce pas ?). Tu dis qu’il est difficile de faire cohabiter ces deux types de littérature (cibles) et c’est totalement vrai. C’est un exercice qui n’est pas à la portée du premier romancier venu. Tu peux transgresser les règles de la littérature uniquement quand tu les connais comme ta poche. Je pense que pour les genres c’est pareil.

    Pour prendre un exemple très connu, « Full Metal Panic » le cul entre les deux genres, c’est retrouvé au final avec deux animés centrés chacun sur une seule des cible. La série originale proche du Shonen et Fumoffu plus proche du Shojo. Les studios Gonzo (mes préférés, après Ghibli) savaient que la case horaire de diffusion, allait influer sur la nature du public qui allait regarder leur animé. Pour garantir l’investissement nécessaire à la création de la série, ils ne pouvaient pas se permettre le mélange des deux genres. On le voit aussi à l’évolution du premier animé qui essaye de tout concilier au début avant de basculer en mode 100% Shonen. C’est dans cette dualité des genres que l’on s’aperçoit (en regardant Wikipedia comme je viens de le faire) que « Full Metal Panic » était au départ une œuvre écrite, c’est probablement un genre moins segmenté que les mangas au Japon.

    Je me rends compte que je suis presque aussi long que la première fois, alors je vais finir de façon courte.

    Oui, tu pourras trouver des exemples d’hommages francophones à la culture japonaise qui fonctionnent bien. Mais ce sont des exceptions qui confirment la règle (et qui ont un « potentiel adressable » très réduit). Tu parles des diverses raisons qui font de toi un auteur différent, ça c’est vendeur ! Bien plus que de donner l’impression que tes écrits vont être un catalogue de tous les poncifs du genre (ou « des genres » te concernant).

    Pourquoi, vouloir absolument compiler shojo et shonen dans une même œuvre ?* A tu peur que l’on pense que ton potentiel est limité ? Qui pourrait penser un truc aussi stupide ? Ecrire une histoire sentimentale dans un monde à la dérive, pourquoi elle ne serait pas en premier lieu, une histoire sentimentale ? Là tu dis adieu à la moitié de ton potentiel adressable, mais tu vas nettement mieux servir celui qui est intéressé. Qui se reconnaîtra mieux dans ton œuvre, et n’aura pas à subir les moments où tu essayes de satisfaire l’autre bord. A force de vouloir tirer sur tous les lapins on les rate tous… Surtout pour un public, forcément formaté par les segmentations japonaises.

    Désolé pour le troll,… Sache, qu’en plus de mon don inné pour me faire des amis, je ne fais ce type de commentaires désobligeant qu’auprès des gens qui possèdent à mes yeux un potentiel pour aller loin. C’est réellement ce que je pense en lisant ce blog.

    (*) Haah, là, c’est l’exemple parfait du « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais », j’en suis conscient. Mais en fait la SF et la Fantasy ciblent des potentiels de clientèle très proche.

    • T’inquiète, je l’ai bien pris, j’en ai plusieurs dans ma famille des comme ça 😉 Merci de vouloir m’aider!
      Tes propos sont très justes. En effet, il ne s’agit pas de qui je suis mais comment je me vends. Tu auras remarqué que je suis pas très douée de ce côté là. Et pourtant j’assiste à de nombreux séminaires sur le marketing.
      Bref, c’est un vaste sujet que tu m’as l’air d’avoir bien réfléchi aussi!
      Full metal panic j’avais bien rigolé mais sans plus et je n’ai vu que la partie Shonen, faudrait que je tente fumoffu. Je me sens peut-être plus proche d’un Inuyasha ou d’un Full metal Alchemist 😉
      Mais dans tous les cas j’ai besoin de me positionner c’est vrai!
      Bref, je n’en dis pas plus car on a déjà bien squatté le fil mais tes conseils sont très bons et j’ai bien envie qu’on continue les débats ^-^
      Hâte de voir ton livre!