La « monnaie d’eau » – Inspiration de Mira – roman de SF

« Ajoute des détails, des détails! » ¤_¤ réclame mon cerveau gauche, alias, le Dr Moreau.
« Par pitié! Une nouvelle histoire! » ; _ ; pleure mon cerveau droit, alias, Ma Muse.

Suite aux retours de mon correcteur, Nicolas Koch, la Plume Numérique, et d’une bêta lectrice de compèt : Linetje du blog geek Les singes de L’Espace (merci ^-^), je me suis attelée à une nouvelle couche de corrections sur Mira, la bataille de l’eau (la 4ème quoi!). Parmi les ajustements de cohérence et les ajouts de détails SF pour l’immersion, j’ai repris tout le système monétaire que j’avais mis en place : « la monnaie d’eau ».

Nous sommes dans un futur proche, 2046, l’eau douce devenue un rare trésor est appelée « l’or bleu ». Pour les pauvres, acheter de l’eau se fait avec des jetons, des tokens, qu’ils mettent dans un distributeur collectif pour remplir leurs bidons. Les jetons vont de la pièce de cuivre qui délivre une simple tasse d’eau à la pièce d’or nordique (un alliage doré, vous savez : nos pièces de 50 centimes 😉 trouée en son centre et qui permet de délivrer  3 galons impérial d’eau, soit 11,5 litres.

Au-delà du jeton d’or nordique, on compte l’eau en gallons impérial (4,5 litres), débités directement sur les comptes bancaires en fonction du taux de change, toujours à la défaveur du consommateur, bien sûr. Pour sécuriser le crédit d’eau de ses abonnés, les compagnies leur fournissent des anneaux « d’or bleu » qui représentent leur fortune.  Cet or bleu est un magnifique alliage créé par des bijoutiers suisses, qui cherchaient à donner la couleur du ciel à l’or. Les bourgeois et les fashionistas portent leurs « anneaux d’eau » de diverses façons ostentatoires comme un signe extérieur de richesse.

L’idée d’accorder une valeur à l’eau et de lui associer une monnaie est inspirée de Dune, la saga de SF écologique, qui est et restera à mes yeux une des plus grandes fresques jamais écrite. Dans un futur lointain, la navigation interstellaire repose sur une drogue appelée l’épice, qui donne le pouvoir de prescience et qui est aussi un élixir de longue vie. Cette drogue ne peut pas être synthétisée, on ne la trouve que sur une planète : Arrakis, la planète des sables, appelée Dune par ses occupants. Pour exploiter l’épice, l’empereur fait mander des gouverneurs plus cruels les uns que les autres, qui se heurtent aux révoltes des fremens, le peuple libre et fier qui habite le « grand erg », le désert profond, hostile à la vie.  Les fremens comptent l’eau avec le respect qui lui est dû : celui de l’essence de toute vie. Dans l’espoir de pouvoir rendre un jour leur planète verte et humide, ce peuple stocke l’eau dans des réservoirs collectifs cachés au fond des grottes qui leur servent de refuge. Mais une partie de cette eau leur appartient en propre. Ils portent leur fortune symbolisée par des anneaux d’eau de différentes tailles avec eux. Lorsqu’ils marchent la nuit dans le désert, ils nouent leurs anneaux autour d’un mouchoir pour les empêcher de tinter et d’attirer un ver des sables, les monstres qui rendent Dune inhabitable.

dune
Dune une référence de la SF aux éditions Pocket

Ma deuxième inspiration est largement moins poétique, elle provient d’un fait divers dramatique. L’histoire des distributeurs d’eau prépayée de Suez en Afrique du Sud. Lassé des manquements de paiement des pauvres du quartier de Phiri, Suez a interdit à ses compteurs automatiques de délivrer de l’eau dès que les crédits étaient épuisés alors que dans les quartiers riches (moins pauvres) le système était plus souple. Mais un jour, alors qu’un couple était tous deux partis travailler, un feu se déclara dans leur maison de Phiri. Les voisins essayèrent d’éteindre le feu en pompant toute l’eau du quartier mais les crédits s’épuisèrent, les distributeurs cessèrent net la distribution. Bien sûr, ni la police, ni les pompiers ne répondaient. La maison a brûlé de fonds en combles, avec, à l’intérieur, leurs deux enfants, assez grands pour rester seuls quand les parents n’ont même pas les moyens d’avoir l’eau courante mais trop jeunes encore, pour comprendre ce que la fumée signifiait et affronter les flammes. Pour en savoir plus sur ce drame et l’eau prépayée en Afrique :

Parlons technique maintenant. Afin de fixer la cohérence de l’univers de ce roman et des romans futurs dans l’univers de Mira, j’ai dû descendre mes recherches jusqu’à déterminer la valeur des différents jetons et anneaux dans le détail.

Je suis partie sur la base d’une estimation des besoins d’une famille occidentale de quatre personnes en eau sur un an : 150 m3 . Ainsi, pour élever une génération (33 ans), un chef de famille a donc besoin de 5000 m3. Cela correspond à 1 000 000 de gallons impérial d’eau = 1 anneau d’or bleu pur

Cet anneau est la plus haute unité monétaire connue. En fait de monnaie, c’est plutôt un gage de crédit qui ne peut être échangé et qui est lié au crédit d’une personne dans une compagnie de traitement des eaux comme Vivendi, Suez, etc. Un poinçon nanométrique donne le nom de la compagnie qui l’a émis et le NAS (numéro d’assurance sociale) de la personne à qui le crédit d’eau appartient. Ce crédit est donc matérialisé par un anneau d’or bleu pur, appelé anneau azura, du nom du pigment.  Cet or est bleu comme l’azur avec des irisations cobalt qui varient selon la proportion de pigment et la cuisson. Chaque anneau a donc une apparence unique. Cet anneau est prévu pour s’enfiler sur un doigt mais l’anneau azura représente l’économie de toute une vie. Alors, en général, les mères de famille de classe moyenne le portent au bout d’une chaîne, cachée sous le tee-shirt comme un talisman. Les fils et filles de bourgeois le portent en piercing, entrelacés dans les cheveux, entrelacés en colliers, etc. car, comme toutes les richesses, les anneaux d’eau s’accumulent dans les mains de certains au détriment du reste de l’humanité.

Lorsque le crédit est épuisé, l’anneau doit être restitué à la compagnie, ou le crédit doit être réapprovisionné avec un virement bancaire. Si l’anneau est perdu, sa valeur réelle en poids d’or sera débitée des prochains crédits d’eau. La valeur marchande de l’anneau est inférieure à sa valeur en eau mais elle vaut tout de même son prix. On rapporte le cas d’imbéciles m’as-tu-vu ayant perdu des fortunes. En théorie, l’anneau ne peut être volé pour être échangé contre sa valeur d’eau car il est traçable, néanmoins l’or peut être fondu et les nanopuces espions qu’il contient, neutralisées.

Cette monnaie d’eau purement ornementale et symbolique se divise ensuite de la façon suivante :

  • 100 000 gallons = besoins d’une famille pour trois ans = un anneau d’or entrelacé de filament azura.
  • 10 000 gallons = besoins d’une famille pour cent jours = un anneau d’argent marbré azura
  • 1 000 gallons = besoins d’une famille pour 10 jours = un anneau d’argent avec de très fins filaments azura. Mais ce pigment donne du rouge mélangé à l’argent
  • 100 gallons d’eau  = besoin d’une famille pour une journée = 1 jeton de zinc plaqué azura troué en son centre.

Ce jeton, dit « anneau du pauvre » fait la transition entre le système de garanti purement ornemental et le système monayable des jetons. Il n’est pas lié au compte bancaire et peut être volé. Il sert à débloquer le compteur d’eau lorsque son crédit automatique est épuisé. Il s’échange contre des jetons de moindre valeur, qui eux sont utilisables en distributeurs publics car certains sont en flux tendu dans leur utilisation de l’eau et n’ont même pas l’eau courante personnelle. Voici la déclinaison des jetons et leur valeur en eau :

  • 1 jeton troué au milieu en or nordique (un alliage, celui de nos pièces de 50cents)  = 3 gallons d’eau = 11,5 litres
  • 1 jeton de zinc plaqué laiton  = ¼ gallon, le quart impérial =1 litre (perte d’une demi cup pour le change)
  • 1 jeton de cupronickel argenté = 1/8 gallon d’eau = 1 pinte impériale = 500 ml
  • 1 jeton de cuivre = 1/16 gallon = une tasse impériale = 250 ml

Voilà le détail de cette monnaie des temps arides ! Il n’y a plus qu’à espérer que personne ne sera à cours de jetons si un incendie se déclenche en 2046! Pour info, en Afrique du Sud, la loi s’en est mêlée et le système a été assoupli…

Bon, encore une semaine de menues corrections comme cela et je pourrais déclarer que Mira, la Bataille de l’Eau est terminé ! Je le sortirai au format numérique d’ici mars je pense ^-^

Bonne chance à vous dans vos projets !


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Auteur : Ghaan Ima

J’écris depuis 10 ans, j’ai des idées plein la tête d’univers de SFF inspirés de mangas : geeks, otakus, anarchistes sur les bords et un peu barrés.