Poème : Poussière d’instant

Je n’écris plus en une outre vidée
De mes sens désincarnée
Je n’écris plus
Peut-être n’ai-je plus de foi ou n’en ai-je jamais eu
Ou le temps qui passe obstinément, qui lui aussi me fuit
Aucune passion, être ou déraison
Plus sombre que le bois dont on a retiré la vie
Dont il ne subsiste plus qu’une patine
Vernie
Et ces fines striures
Motif
Qui perdent leur sens
Comme si l’utilité se voyait, pensée, érodée
Au gré des coups que lui inflige le destin
Et le sable inlassable qui glisse et roule
C’est là encore le temps
Qui inflige tant de dégâts
Pourquoi ?!

Le cœur du tronc, ses anneaux passés
En autant de rêves protégés, vain !
Par une force maligne
Mis à nu, découpé, modelé
Taillé
En pièce

L’âme même du bois confrontée au vent de l’existence
Au bruit de son avenir
Plus sûr qu’un pendule
Et plus droit qu’une chute
Une seule fin le ternira

Aucun vernis, aucune peinture ne saurait en fait
Sauver les espoirs, les rêves ou ce vague souvenir
De cet être qui fut, vécu
De cet être qui finit, brûlé
Devenu poussière d’instant
Plus inconcrète qu’un rire

Sable s’écoulant entre les doigts
D’un enfant, nouvel esprit
Ignorant ce qui fut et ce qui à son tour
Meurtrit ses doigts
Et érode déjà
Ses sentiments à venir

Commentaire:

Un poème comme un cri de frayeur: « je n’écris plus ». C’était le cas hier avec la poésie et ce blocage est revenu aujourd’hui sur mes romans…

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