Hello!
Aujourd’hui que Mira est fini (fini! terminado! the end!), j’ai décidé d’envoyer le manuscrit aux maisons d’édition. Oui, je sais, après avoir hurlé sur tous les toits que je voulais être indé, j’abuse, mais j’expliquerais ma décision brièvement à la fin de l’article.
J’ai donc décidé d’être (de tenter d’être) publiée. Mais je suis assez « aware » comme dirait Van Damme, mon héros, pour savoir qu’un manuscrit dans les mains d’une maison d’édition, c’est comme un CV dans les mains d’une RH surchargée. A défaut d’avoir le temps d’accorder à chaque être humain qui vous remet ses rêves l’attention qu’il mérite, le juge fait de l’abattage. Et on a bien plus de chance de ruiner toutes ses chances de se faire éditer que de l’être.
Alors je me suis mise en quête des bonnes méthodes pour attirer l’attention d’une maison. Voici les résultats de mes recherches. Cet article est grandement inspiré de celui des éditions Humanis (merci de leur belle volonté d’aider les jeunes auteurs à devenir grands). Je vous conseille aussi de lire « le Guide des Editeurs de l’Imaginaire » .
Le plan:
Cibler et tirer dans le mille
Tout est dans la forme!
Un petit mot qui donne envie
En 2 lignes: l’elevator speech
Suivre à la lettre les directives
Survivre au refus
Bien sûr, la première chose à faire est d’étudier les catalogues des maisons et leurs collections. De lire des interviews des directeurs de collection si vous en trouvez pour comprendre ce qu’ils recherchent. N’adressez pas votre manuscrit à une maison qui n’a pas de case dans laquelle le ranger. Hachette ne créera pas une collection Steampunk pour vos beaux yeux… Si vous êtes un auteur inconnu, ou si vous souhaitez présenter un texte qui sort des sentiers battus et de la mode du moment, privilégiez les petites et les jeunes maisons d’édition. Moins connues, avec un catalogue à créer, elles seront plus susceptibles de vous lire jusqu’au bout, de vous aidez à retravailler votre texte, de mettre la première pierre à votre carrière d’auteur. Mépriser les petites maisons est une arrogance qu’un jeune auteur ne peut pas se permettre. Bien sûr on peut tenter les grandes, mais pas la peine de leur courir après pendant 6 mois. Faites les démarches en parallèle avec les petites.
Néanmoins, ne donnez pas vos droits à n’importe qui ! Une vrai maison d’édition qu’elle soit petite ou grande doit être diffusée. Pour en savoir plus sur les diffuseurs qui méritent ce titre, faites un tour sur le blog de Stoni. Donner ses droits à un éditeur sans diffuseur, c’est juste céder ce que l’on a de plus précieux pour finalement ne pas être vraiment publié. Ensuite, si votre éditeur vous donne de super bons conseils et vous fait progresser, on s’en fout d’être diffusé et de vendre, hein ? Mais ne vous attendez pas à tirer de l’argent de poche de vos écrits. Ce sera juste une belle collaboration, un coaching gratuit. En même temps, c’est peut-être la première marche pour atteindre le sommet.
Bref, si un seul éditeur vous répond et que vous le connaissez somme toute assez peu… réfléchissez bien quand même. Etudiez-le, cherchez des auteurs qu’il a déjà publiés et voyez leur degré de satisfaction. Donner ses droits, c’est lourd.
Côté fond, votre manuscrit vaut ce qu’il vaut. Ce n’est pas en deux jours que vous le referez surtout si vous estimez qu’il est bon pour être publié (Attention! « Bon pour être publié » ne signifie pas que vous êtes trop fatigué pour le retravailler encore ! Vous devez aller au bout de vous-même !).
A ce stade, vérifiez néanmoins l’accroche de votre premier chapitre. Faites en sorte que le style soit bon et que votre lecteur ne s’ennuie pas. Si vous avez commencé votre histoire par une longue scène d’exposition sur les tenants et les aboutissants de la guerre de 14-18, passez peut-être cette partie au chapitre 2 et commencez l’histoire au moment où le héros essaie de sortir son camarade blessé des tranchées. De plus, essayez de finir le premier chapitre avec un « cliffhanger » : un moment de suspense qui accroche le lecteur. Enfin, bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Le plus simple à ce stade est de prendre soin de la forme. Déjà, l’orthographe et le style, vérifiez que le manuscrit est propre et faites une passe dans un logiciel comme Antidote qui traque les fautes et les répétitions ou relisez-le une dernière fois en commençant par la fin pour ne pas être happé par l’histoire.
Je citerais juste les éditions Humanis sur ce point :
« On peut éliminer la majorité des candidats à la suite d’un examen extrêmement rapide. Si, par exemple, la langue est mal maîtrisée (maladresses, répétitions, fautes de style), le curseur peut tomber en chute libre au bout de deux paragraphes. Ajoutez-y une mauvaise présentation, quelques fautes d’orthographe, des longueurs et une fin de premier chapitre sans intérêt : l’affaire est faite. »
Voilà… C’est dit. Un manuscrit truffé de fautes et au style médiocre ne sera pas lu. Point, barre. Si la forme n’en vaut pas la peine, l’histoire passera à la trappe. Les mots ne sont qu’un média, certes, mais c’est le média qui permet de transmettre les images et les émotions, si l’on ne maîtrise pas les mots, l’affaire est faite. Faites-vous aider, quitte à payer! Pourquoi un éditeur investirait sur vous si vous n’êtes pas prêts à le faire ? Par exemple, vous pouvez demander à un des correcteurs de ce groupe Facebook : Plateforme auteur correcteur. Certains travaillent aussi le style.
Je vous proposais d’apprendre à connaître les directeurs de collection, pourquoi ? Pour mettre quelques mots clefs où de structurer votre lettre de présentation dans le sens qui leur plaira le mieux. Comme pour une lettre de motivation pour un boulot, la lettre d’accompagnement doit être personnalisée. Avez-vous déjà fait passer des entretiens ? Il n’y a rien de plus agaçant que la lettre à côté de la plaque, générale et qui n’est même pas capable de dire deux mots montrant qu’on a pris le temps d’étudier la boîte… D’où l’intérêt de bien cibler les maisons à qui ont enverra le roman, car une lettre personnalisée cela prend du temps.
Mais au contraire d’une lettre de motivation pour un boulot où l’on attend un style distant, la lettre d’accompagnement doit aller droit au cœur du lecteur. Vous parlez à un humain. Mettez le en confiance. Qu’il sache que vous avez de l’humour (si vous n’en avez pas, ne faites pas semblant ;), que vous êtes humble, que vous connaissez sa maison d’édition, que vous comprenez le métier. Mais elle doit surtout être TRES COURTE ! L’éditeur (ou le stagiaire) n’a pas le temps de lire un pavé. Il faut aller à l’essentiel : « Je m’appelle machin, je vous présente ce roman, il traite de XXX, c’est une série en 10 tomes (ou un one shot, ce qui est préférable 😉 Et un blabla de politesse de fin. »
Ah oui ! et n’oubliez pas vos coordonnées ^-^
Votre lettre doit donner envie de vous lire et de découvrir votre histoire tout en étant très courte. Il est donc crucial de glisser quelque part un elevator speech de deux lignes pour parler de votre roman. Elevator speech signifie « discours d’ascenseur ». Imaginez que vous êtes coincé avec un éditeur dans un ascenseur, vous n’avez que le temps entre deux étages pour le convaincre de publier votre histoire. Alors? On dit aussi pitch dans le jargon mais l’objet est le même. Il est important d’être capable de résumer votre histoire, mais pas n’importe comment. Il faut en deux lignes être capable de caser: le genre, le thème et l’originalité de votre histoire. Mais aussi l’univers, les personnages, l’émotion… Le résultat doit être percutant et mémorable. Alors ce pitch, travaillez-le, demandez l’avis de vos bêta lecteurs, faites une séance de brainstorming avec les copains… On est presque dans l’écriture publicitaire. C’est un travail à part entière qui doit être fait avant de démarcher qui que ce soit! Pour en savoir plus sur le sujet, je vous renvoie vers un excellent blog: Commentfaireunfilm.com. Entre pitcher un scénario et un roman, il n’y a aucune différence, seul compte le noyau d’originalité de l’histoire et votre façon de le mettre en avant. Suite à cette accroche, on vous posera des questions, et là, vous pourrez développer, mais pas avant. On n’accroche pas les poissons avec une canne à pêche, juste avec l’hameçon, le reste intervient après. Ah et un conseil précieux de Tom (celui du blog déjà cité): si vous en croisez un dans l’ascenseur, n’attaquez pas bille en tête l’éditeur avec votre pitch. Laissez venir la conversation sur vous. C’est une des bases du réseautage: faites parler l’autre pour l’accrocher et attirer son attention. C’est humain, on aime parler de soi et à un moment on s’intéresse à l’autre. Vous livrer tout de suite sans y être invité ne fera pas pro. ça sonnera désespéré.
La mise en page compte aussi. Rendez-vous sur la page dédiée de la maison que vous ciblez et regardez ses exigences. Veut-elle du papier, du numérique ? Word ou PDF ? Interlignes double ? Recto seulement ? Conformez-vous point par point à leurs exigences. N’innovez pas. Ne vous croyez pas plus malin que le reste du monde. Par défaut, envoyez un manuscrit en Times, taille 12, interligne double et recto seulement. Le Guide des éditeurs de l’Imaginaire a recensé toutes les demandes spécifiques et les adresses des éditeurs de l’imaginaire. Un trésor !
Les éditions Humanis conseillent de ne pas envoyer un manuscrit de plus de 200 pages (interligne simple, police 12). Au-delà, l’éditeur sera peu enclin à le lire car le moindre retravail lui coûtera les yeux de la tête sans qu’il puisse être assuré de son retour sur investissement. Eh oui ! C’est un business !
On m’a également recommandé de glisser un synopsis après le second ou le troisième chapitre. Ainsi, si vous êtes confiant en votre histoire et sa fin percutante plus qu’en votre style, vous pouvez le glisser. L’éditeur (ou le stagiaire, ou l’étudiant) curieux, lira le résumé et se fera une idée de la qualité de l’histoire. Il sera peut-être plus enclin à vous pardonner certaines maladresses. Les Editions Humanis conseillent de plutôt placer le résumé à la fin. L’idée est de ne mettre que les informations essentielles en page 1 : Titre, nom de l’auteur, téléphone, mail, nombre de page, avec une brève mention que les informations détaillées sur l’auteur et le roman sont à la fin du manuscrit. Puis d’attaquer direct l’histoire en page 2.
Le manuscrit doit comporter deux postfaces : « à propos de l’auteur » et « à propos du livre ». Bien sûr, le premier donne les informations essentielles sur l’auteur, un mini CV en sorte (pas une tribune libre pour vous autocongratuler!) tandis que le second donne les informations essentielles sur le livre (informations factuelles : cible, collection potentielle, résumé…). Pour le détail, plutôt que de faire un méchant copié-collé de leur liste, je vous envoie sur le site des Edition Humanis
La biographie peut être utile surtout si vous avez publié avant ou si vous avez rencontré un peu de succès dans l’autoédition. Autant le mentionner, non ? Enfin, après, tout dépend de la maison. Par exemple, Bragelonne a un formulaire très précis des cases duquel on ne peut déborder.
Déjà, on peut se dire que la chance compte pour beaucoup et le timing… Cela paraît aberrant mais, en janvier, c’est une mauvaise idée d’envoyer un manuscrit. Trop de personnes soumettent (la faute aux bonnes résolutions 😉 alors que certaines petites maisons d’édition (et peut-être les grandes) n’ont pas de stagiaire pour faire le premier tri des manuscrits. Alors ceux-ci vont parfois directement à la poubelle. Il semblerait que les mois de Mars à Mai et le mois d’octobre soient le meilleur moment pour envoyer son texte aux petites maisons d’éditions. Les grands sont plus souples mais il vaut mieux éviter la rentrée littéraire, les grandes vacances et les alentours des fêtes de fin d’année. De plus, certaines grandes maisons font appel à des lecteurs externes, des étudiants sous payés qui ont besoin d’argent et qui doivent faire de l’abattage. Quelques uns peuvent alors bâcler le travail, surtout pendant les partiels. Bref, tout est possible. Mais l’intérêt d’un éditeur est de NE PAS PASSER A CÔTE D’UN BEST SELLER. La machine est quand même bien huilée, même si elle peut parfois avoir des ratés.
Si votre texte est refusé par 10 maisons d’éditions, cessez d’incriminer la malchance ou la théorie du complot, posez vous la question :
« Ai-je bien présenté mon texte ? »
Soignez donc sa mise en page, son orthographe, votre lettre de présentation, les maisons à qui vous l’envoyez. Puis retentez.
Si là aussi, vous obtenez un électroencéphalogramme plat, et bien… votre manuscrit n’est peut-être pas assez bon, ou trop avant-gardiste selon ce que votre orgueil vous souffle. Il est aussi simplement possible que votre roman n’intéresse qu’une niche de lecteurs et ne soit pas rentable. L’éditeur devra alors le refuser. Peut-être qu’il le fera en pleurant, mais il le fera. Il doit gagner sa croûte avant tout. Pour mieux comprendre pourquoi votre magnifique roman ne se vend pas, étudiez le top 100 des meilleures ventes Amazon…
Mais dans 90% des cas, surtout si c’est votre premier roman, il est fort possible qu’il ne soit pas assez bon pour être vendu, il lui manque juste un petit quelque chose. C’est la vie. (bon lol, c’est facile à dire mais c’est dur à digérer, je parle d’expérience oO) L’éditeur le sait, il pourrait vous donner des clefs pour vous améliorer mais faire ceci lui prendrait des heures, alors il ne le fait pas, c’est pas sa job… A partir de ce constat, quatre solutions :
- Déprimer, hurler, jeter son ordinateur par la fenêtre, s’entailler le poing et jurer sur son sang de ne plus jamais, jamais, écrire de roman.
- Retravailler son texte, encore et encore. C’est ce qu’à fait Bernard Weber avec « Les Fourmis ». L’avantage des Fourmis c’est que le texte était court. Méfiez-vous des retravails à l’infini sur une même histoire qui va perdre de sa force. Réécrire totalement une histoire une fois ou deux OK, surtout si vous avez progressé entre temps, mais c’est aussi le risque de détruire l’étincelle originale du projet sans pour autant en faire quelque chose de mieux. Bref, de perdre votre temps et votre si précieuse confiance en vous.
- Payer un script doctor pour améliorer votre bébé à votre place, vous souligner ses forces et faiblesses et vous coacher dans votre travail (OK, c’est cher et j’ai pas de bonnes adresses à vous donner).
- Mettre l’histoire dans une bannette ou un tiroir et attaquer des projets plus courts, des mini romans ou des nouvelles. Chaque projet doit avoir un but : travailler son style, travailler le scénario, travailler les personnages. Travaillez, encore et encore. Et retentez, plus tard avec un autre projet ou avec votre projet que vous aurez réécrit.
Je pense que c’est très important de ne pas s’attendre à faire un best-seller dès son premier roman. Je vous parle d’expérience. Ma première histoire, écrite 10 ans auparavant (OK j’étais jeune) était certes originale et sympa mais le style, la structure, tout, mais tout, laissait à désirer. Résultat, j’ai eu beau l’envoyer, l’écrire, la réécrire, cibler plus petit, je n’ai jamais réussi à la publier. C’était il y a 10 ans. Les 8 années suivantes se sont passées sans que je sois capable de finir quoi que ce soit (self estime à zéro). Et finalement, pleine de rage pour les maisons, lorsque j’ai enfin pondu un roman assez propre pour être publié, je l’ai mis en autoédition. Pourquoi ? Car j’avais perdu toute confiance en moi face aux refus des maisons. J’étais peut-être trop arrogante au départ. Je croyais que je serais capable de pondre un best seller dès mon premier essai. La blague.
Si je vous dis que Raphaël a peint un chef d’œuvre dès son premier tableau, sans jamais avoir touché de pinceaux auparavant, me croirez-vous ?
Si je vous dis que Mozart, oui, même Mozart, a écrit une symphonie sans jamais avoir fait ses gammes, me croirez-vous ?
Alors comment peut-on croire que notre premier roman sera parfait ? Comment peut-on déprimer ou perdre toute volonté créatrice juste parce que notre premier ou même deuxième ou troisième essai n’était pas parfait et a été refusé par les éditeurs ? (ou par son public dans le cas de l’autoédition) Car oui, un roman qui n’est pas PARFAIT sera recalé. Etre juste bon ou prometteur ne suffit pas.
Mada mada dane… Il faut essayer et essayer encore. C’est comme ça qu’on gagne.
Moi je m’en fous d’être éditée (on connaît tous les problèmes des maisons d’édition et la beauté de l’indépendance), mais j’ai quand même un peu d’orgueil et une confiance en ma plume très fragile. Si j’ai décidé de retenter malgré la claque que je pourrais me prendre c’est pour deux raisons :
- J’ai détesté le côté marketing et les mille micro tâches liées à l’autoédition. Je ne dis pas que je ne retenterais pas, mais là, pour cette histoire, juste un peu, j’aimerais me reposer.
- J’ai le sentiment que tant que je n’aurais pas été publiée, même si je rencontrais un franc succès dans l’autoédition, il y aurait toujours des pseudo-pros pour me mépriser. Et ça m’énerve, et je veux réussir à avoir la carte « édité » en poche pour leur agiter sous le nez. Là !
Enfin voilà, tout ça pour dire que je tente l’édition de nouveau ! Je m’y prépare et je croise les doigts. :p
Bonne chance à vous dans vos projets! ^-^
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