Poème: Apparition de l’Infini

Ce matin, j’ai rencontré dieu
A l’aube de ma renaissance, j’ai finalement pris conscience de l’intégrité de ce rien qui est tout
Cette pauvre intelligence ballottée, malmenée
Sur une mer solidifiée d’où tout continent a été rayé
Je n’ai rien où me raccrocher
Oh, et si la raison s’endort au son de sa voix, il ne me reste alors plus que l’imagination

Ce matin, j’ai rencontré dieu
Pas ce vieillard à la barbe blanche
L’infini ne peut-être enfermé, personnifié, jugé sous une maigre apparence
Je ne l’ai pas vu, je l’ai senti
Une odeur de lavande, entêtante
Je ne l’ai pas vu, je l’ai ouï
Le rugissement de l’océan a empli mon esprit
Je ne l’ai pas vu, il m’a aveuglé
La lumière bleutée du ciel étoilé s’est unifiée, source de toute clarté

Ce matin, j’ai rencontré dieu
Qui m’a parlé
Il m’a parlé d’éternité
De ce qui commence et qui, sans jamais s’arrêter, se finit
Il m’a conté un rêve d’antan
Le phénix cerné par les flammes dorées de la connaissance
L’ancien s’est éteint, l’être rené, transformé, s’est à nouveau embrasé
Cycle sans fin issu de rien

Ce matin j’ai rencontré dieu
Il ne m’a même pas serré la main
Cela aurait été en vain
Qui suis-je pour embrasser tous ces univers
Ceux-là même dont je suis malgré tout si fière


Commentaire:

Encore un poème illuminé, qui date du lycée.… Lire la suite

Pour Mumia Abu Jamal: Des larmes de diamant

Poème pour Mumia Abu Jamal, écrivain noir emprisonné aux Etats-Unis depuis 33 ans

Pour toi voix des sans voix
J’aimerais pleurer des larmes de diamant
Pour dans ce monde où seul règne l’argent
Pouvoir acheter, ta liberté

A toi flamme de vie
Je te donne cette étincelle que j’ai toujours gardé si précieusement
Je te dédie ce rêve d’un avenir meilleur
Je te dédie cet espoir qui jamais ne s’éteindra
Je ne le permettrai pas

A toi qui connaît la difficulté qu’il y a à s’exprimer
Mais qui le fait

A toi qui toujours se battra
A ce sourire que j’aimerai découvrir
Autrement que par papier interposé

De ces murs que je voudrai détruire
De cette dictature que je ne peux fuir
Tel un animal acculé, forcé de se retourner pour lutter

De ce système, de cette haine
Par quelque étrange alchimie, par quelque magie
Je ferai un monde à ton image
Rêve de vie, rêve d’ esprit
Sécher mes larmes, je ne le puis

Sache que l’humidité de mes yeux coule
Pour un espoir de victoire
Qui croit, grandi, en toi, en moi
En l’ humanité que je ne peux abandonner
Aux mains de cette triste cabale, incarnation du mal

Démon que je briserai
Transformerai
Pour ce faire, je n’ ai que mes deux mains
Mais demain…

Commentaire:
Et bien demain, rien du tout.… Lire la suite

Poème: Les pantins

« Chante moi la série du nombre 2 que je l’apprenne aujourd’hui »
« Deux bœufs attelés à une coque, ils tirent, ils vont expirer, voyez la merveille… »
Tradition orale des druides

Jusqu’à la mort, tirer, traîner
Sous le mors, sentir sa peau se craqueler
Offrir sa vie en sacrifice
Pour notre monde en perdition
Et le monstre en dehors se hisse
Hors de l’espace des sensations

Lorsque l’anathème s’y abattu
Par son poids de haine submergea l’univers
Recouvrant la vérité même, le ciel et la terre
La vérité se tue, l’intensité se chut

Seule en leur travail substitua la volonté
Malgré crocs et pourriture acérée
Avide de dévorer…

Telle une île au relief strié d’écueils
Doux fractals que l’air recueille
Au fur et à mesure que l’eau décroît
Et s’échappe par la bonde qu’un enfant tira
Par curiosité, enflammée
Ou simple naïveté, libérée

La mort, la vie, complexité
Ersatz de beauté
Art et créativité
Semblant d’éternité
Piètre béton armé

Comme un enfant s’endort au mieux
Entouré de tendres, doux oreillers
Mais ils ne remplacent ou si peu
Une mère de tendresse, de douceur, lovée

L’homme s’attaque à l’infini,
Le démantèle et l’écartèle
Sur l’autel, la roue de notre folie
S’imagine avoir tout compris

Et ce pantin qui n’a ni âme, ni sang
De tailler, assembler, malaxer
D’emprisonner, l’eau, l’atome, le vent
Pour nourrir de sombres entités

Et l’être perdu, au soir contemple
Ses créations deviennent son temple
Le resteront jusqu’à sa mort
Celui qui, pour la vie, broie tout effort

Celle la même qu’il a renié
Pris d’une odieuse témérité
Il croit transparaître l’infini
Mais n’est que pris de jalousie
Car jamais ses mains n’éclairent les étoiles
Et elles seules peuvent déchirer le voile
Mais il n’ose plus y tourner son regard
Pour sa médiocrité simplement y voir

S’il ne lui reste qu’un sourire
Il pourrait l’offrir à son ire
Et enfin tout retrouver
A jamais pardonné.… Lire la suite