Pourquoi vous devez vous auto-éditer?

Article invité de Jean-François Dubeau, un auteur de science-fiction canadien qui a commencé son aventure avec l’auto-édition. Il nous explique pourquoi vous devez vous auto-éditer. ^-^
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Pourquoi vous ne publiez pas à la façon traditionnelle

Êtes-vous un écrivain créatif, talentueux et reconnu? Un expert incontesté dans votre domaine? Peut-être que vous avez quelques centaines de milliers de followers sur les médias sociaux? Et bien, cet article n’est pas pour vous. Vous avez les outils pour entrer dans les maisons d’édition traditionnelles. Pschtt… allez-vous en! Vous n’êtes pas désiré ici. Ceci est un article pour ceux d’entre-nous qui ne sont pas équipés pour les maisons d’édition classiques.

Ainsi, vous avez travaillé sur cet incroyable livre. Des années de votre vie sont passées à fignoler un monde parfait, des personnages uniques et une histoire si irrésistible qu’elle pourrait être adaptée en une série de films (le dernier livre serait coupé en deux films car c’est juste trop profond). Tout ce dont vous avez besoin c’est une faille, ce coup de chance pour réussir à le publier. Assez simple: juste envoyer une lettre de soumission à tous les agents et les éditeurs (ndt: publisher signifie distributeur pour être exact) que vous pouvez trouver et espérer que tout ira pour le mieux. Ou peut-être que vous êtes plus perspicace et que vous sélectionnerez uniquement les éditeurs que vous aimez vraiment. Les grands qui publient vos livres favoris dans le même genre que le vôtre. Cela sonne comme un bon plan! Oui, si gagner à la loterie est aussi un bon plan.

Vous voyez, il y a des milliers de livres d’auteurs tout aussi ambitieux et créatifs que vous qui sont écrits tous les ans tandis que seulement une poignée d’éditeurs dans le monde n’ont qu’à en cueillir quelques élus pour les mettre sur le marché. Cela signifie que votre livre doit d’une certaine façon réussir à sortir de ce tas de neige fondante (ndt: « slush pile », la slush est cette horrible neige de fin d’hiver québecois qui vous colle aux bottes), de cette montagne démesurée de soumissions non sollicitées reçues par les agents et les éditeurs et envoyées par des auteurs en herbe comme vous. Si vous pensez que la qualité retentissante de votre livre vous aidera à grimper au sommet, j’ai peur que vous soyez parti pour une vilaine surprise.

Personne ne lit votre manuscrit (ou votre extrait)

Tout éditeur ou agent a sa propre façon de faire les choses mais tous ont des ressources limitées pour les faire.Cela signifie qu’ils ont besoin de passer le moins de temps possible sur chaque soumission et qu’ils écartent celles qui sont pas assez prometteuses tôt dans le processus. La plupart des exigences de soumission demandent un CV ou une courte biographie, un « elevator pitch » (ndt: un court et convaincant argument de vente) pour votre histoire et un sysnopsis de votre livre, incluant des « spoilers » (ndt: est-il nécessaire de traduire? 😉. Ils pourraient également demander pour quelques exemples de chapitres (habituellement trois chapitres ou 10000 mots). Ils ne demandent jamais votre manuscrit. (ndt: le système français diverge du système anglo-saxon sur ce point, néanmoins en France, les étudiants qui sont payés à lire les manuscrits les abandonnent très facilement)

C’est pourquoi, peu importe le degré de génie de votre livre si votre biographie ou votre CV n’attire pas l’attention ou à la rigueur, ne donne par un indice que vous pourriez être assez compétent pour écrire un roman rentable. Un mauvais CV ne réduit pas seulement les chances que votre candidature sera lue, cela colore votre pitch et votre synopsis. Si votre biographie hurle ‘amateur’ alors ce sera le ton dans lequel le reste de votre soumission sera lue. Pourquoi quelqu’un voudrait en lire plus dans ces circonstances?

C’est la raison pour laquelle vous devez vous auto-publier

Comme pour tout boulot, c’est difficile de se faire embaucher si vous n’avez pas d’expérience et un bon CV. Si vous êtes un artiste, vous pouvez créer un portfolio. Dans la plupart des autres emplois, vous pouvez être bénévole ou stagiaire pour obtenir une réelle expérience et des références. En tant qu’auteur, si vous n’avez pas un diplôme, vous aurez besoin de passer par la porte de derrière et cette porte est tagguée : »auto-édition ».

Je comprends que cette option paraisse répugnante à un grand nombre d’aspirant auteurs. Il y a une importante quantité de travail associé. Vous devrez éditer, corriger, faire une couverture, faire votre propre mise en page, apprendre à utiliser les différentes plateformes d’auto-édition, faire votre marketing ou trouver des personnes qui feront ces différentes choses pour vous. La récompense immédiate est aussi un manque de lustre; des ventes faibles, peu de visibilité, une distribution étroite… Vous serez en compétition avec une arène pleine d’autres auteurs amateurs, essayant tous d’être entendus au-dessus du bruit. Ce que vous n’envisagez peut-être pas c’est que les bénéfices l’emportent sur ces inconvénients.

Chaque petite tâche que vous entreprenez est une chose nouvelle que vous apprenez sur l’industrie de l’édition. Peut-être pas suffisante pour être considéré comme un professionnel ou même un compétent mais assez pour être au courant et tenir une discussion sur le sujet. Le savoir est le pouvoir, tout spécialement dans une industrie où vous essayez de vous établir en tant que personne.

Par la simple vertu d’avoir votre livre sur quelques plateformes comme Amazon ou iBooks, vous avez maintenant des liens vers votre travail que vous pouvez ajouter à votre CV pour lui donner du poids. Si l’éditeur qui passe à travers la pile de neige collante doit vérifier votre travail existant, il est déjà impliqué dans votre dossier.

Si vous ciblez bien votre audience, ils sauront qu’ils achètent (ou de préférence obtiennent gratuitement) un premier livre d’un jeune auteur. Ils pardonneront plus facilement et vous laisseront des critiques/commentaires qui seront plus favorables. Ces critiques ont deux objectifs: elles peuvent être utilisées comme du feedback (ndt: en grève sur ce mot) pour améliorer votre manuscrit ou comme exemples et les meilleurs peuvent être copiés et placés dans votre CV.

Remarquez comme votre CV devient plus attractif qu’une page blanche à chaque instant?

Le plus important: vous allez commencé à construire une « liste de diffusion » (ndt: « following », là je sèche). Donner votre livre gratuitement lui permet de se diffuser largement, d’obtenir du feedback, d’atteindre une plus large audience. Cette audience est une monnaie d’échange que vous pouvez utiliser lors de vos soumissions. Si vous pouvez démontrer que votre livre a déjà été téléchargé par un ou deux milliers de personnes, l’éditeur voudra en savoir plus.

Finalement, vous vous ferez des contacts auxquels vous pouvez vous référer dans votre CV. Chaque mention de blogueur peut être référencée. Chaque podcast où vous étiez invité peut être mentionné.

Ce avec quoi vous finirez, à part un précieux apprentissage par l’expérience, est un CV qui sera, au strict minimum, une marche vers le haut comparé à la page blanche qu’il aurait été autrement.

Gagner à la loterie

Rien de cela ne garantit un contrat avec un éditeur avec une grande maison. Vous serez encore en compétition contre des centaines de livres mais au moins vous jouerez dans la même division que ceux qui ont de l’expérience dans l’industrie, les noms reconnus et les audiences établies.

Il existe également une chance que votre projet auto-publié explose et devienne une entreprise rentable. Vous ne seriez pas le premier et si votre livre est d’une qualité qui pourrait attirer l’attention d’un éditeur, alors, pourquoi ne se vendrait-il pas de lui-même sur Amazon ou iBooks? Et si il fonctionne bien sur ces plateformes, vous n’aurez même pas besoin d’aller vers un éditeur, ils pourraient bien venir à vous.

Quelles sont les chances que cela arrive vous vous demandez? A peu près aussi bonnes que réussir à passer la pile de neige collante avec un CV vierge. Peut-être meilleures.


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Auteur : Ghaan Ima

J’écris depuis 10 ans, j’ai des idées plein la tête d’univers de SFF inspirés de mangas : geeks, otakus, anarchistes sur les bords et un peu barrés.