Ghola, Roman Nanowrimo 2014
3. Le bokor
Tenant Télémake d’une main, le chevalier lève sa longue épée d’argent de l’autre. Un miroitement pourpre passe sur la lame: la lumière rouge de la Lune. Télémake se fige.
C’est fini…
Mais alors que l’homme abaisse son arme, une volée de corbeaux passe entre eux. Des plumes noires volent, du sang gicle. Des croas stridents se font entendre. Un corbeau s’écrase, tranché en deux.
L’homme regarde la bête incrédule. Il relève soudain les yeux sur Télémake. Il fronce les sourcils:
– C’est toi qui as fait ça gamin?
Mais Télémake ne répond pas. Ses yeux courent sur le skate park, sur le grillage de l’enclos, sur la rivière. Il cherche une issue. Mais il n’y en a pas. Ils sont seuls. Même les goules se tiennent à l’écart. L’aura du chevalier les repousse aussi sûrement que le ferait un cercle de sel. L’homme dit :
– Tu as commis un crime pour prolonger ta vie. Tu as damné ton âme par lâcheté.
– Non ! J’ai tué personne !
Un éclair de rage passe dans les yeux de l’homme, il fait sauter sa longue épée dans sa main pour l’empoigner comme un couteau à cran d’arrêt. Il arrête la lame sous la gorge du garçon, il presse juste assez pour faire couler un filet de sang visqueux, juste assez pour que le sel morde la peau. Télémake s’écrie :
– Arrête ! J’ai rien fait !
– Ne me mens pas ! Dis-moi combien tu en as tués !
Cette certitude dans sa voix… Télémake essaie de s’enfuir mais la main qui retient son poignet tire plus fort. Il est entraîné en avant. La lame de l’épée mord plus profondément. Il hurle de douleur et avoue:
– Quatre ! Juste quatre ! Mais ça fait deux ans, c’est long, c’est tellement long… S’il te plait… Je fais ce que je peux… Je m’enferme quand j’y arrive pas ! S’il te plait !
– Quatre en deux ans ? Demande l’homme étonné.
Il allège le poids de son arme sur la gorge du garçon mais sa voix reste sèche :
– C’est toujours quatre de trop.
Télémake ne dit plus rien. Il fixe le chevalier avec des yeux vides. Les larmes noires ont recommencé à couler, douloureuses, sur ses joues. Les larmes du remord. Oui, c’est quatre de trop. Quatre nuits trop rouge pour qu’il puisse se contrôler, quatre courses effrénées pour fuir sa sœur, sa mère et tous ceux qui ne méritent pas de mourir, pour trouver un vieillard ou un arrogant, une âme qui pèsera le moins sur sa conscience. Mais toutes les âmes ont le même poids au final.
Un assassin…
Télémake perd ses forces, il chancelle en avant. Le chevalier doit reculer son arme pour ne pas lui trancher la gorge. L’homme dit :
– Tu as le choix entre mourir par le sel ou prendre l’habit pour expier tes pêchés.
Le regard de Télémake s’éclaire :
– Tu veux dire…
– Tu me suis jusqu’au Monastère de Saint Mickaël pour vouer ton existence à Dieu.
– Tu veux dire partir? Et vivre? Oui! C’est clair! Je…
Télémake ne va pas au bout de sa pensée, de peur que le chevalier reprennne sa proposition comme on reprend un bonbon à un gosse pas sage. Partir d’ici… Qui ne le voudrait pas? Découvrir la Cité de l’Ange et voir la mer… Qui ne le voudrait pas?
Et vivre…
Le chevalier range son arme dans un fourreau accroché dans son dos. Il dit :
– Tu obéiras aux ordres de l’Ordre jusqu’à ce que mort s’ensuive ?
– Oui, répond Télémake en tenant sa gorge blessée.
L’homme le toise en plissant les yeux :
– Tu sais que je te parle d’un vœu de dizaines, peut-être de centaines d’années.
Le garçon le regarde avec des grands yeux. Il ne réalise pas. Le chevalier dit :
– Tu es immortel gamin. C’est un vœu d’éternité qu tu dois faire. On peut prendre l’habit, on ne peut pas le quitter. Tu sais ce que ça veut dire d’être moine-combattant?
Télémake a un sourire amer:
– De toute façon, les filles voudront jamais de moi comme ça… Je pourrais pas faire semblant toute ma vie… Je peux passer prendre des affaires ou on peut partir là tout de suite?
L’homme penche la tête et plisse à demi les yeux comme on juge quelqu’un. Il demande :
– Ta mère sait pour ton état ?
La panique passe dans les yeux de Télémake. Il se contient et répond avec assurance :
– Non! J’en ai parlé à personne! J’suis pas si con!
Télémake regarde le moine droit dans les yeux. Il tient sa gorge blessée, des crépitements blancs scintillent sur son sang épais. Le sel lui vole ses forces, la blessure est de plus en plus profonde. Il souffle :
– Personne ne sait… J’ai tué des gens mais personne ne sait que c’est moi. J’ai fait attention. C’est des accidents. Mais j’ai plus ma place là-bas. J’ai peur de faire du mal à ma p’tite soeur… Emmène-moi…
Le moine hoche la tête. Juste un simple geste. Télémake soupire. Il se baisse pour ramasser son couteau. Lorsqu’il se relève, il trouve l’épée d’argent pointée vers son cœur.
– Jette ton arme ! On t’en donnera une quand tu la mériteras!
Télémake lève les mains en l’air mais ne jette pas le couteau. Il secoue la tête, ses chairs brûlées l’élancent furieusement :
– Non ! C’était à mon père ! Je peux pas le laisser !
Télémake sent les larmes lui monter aux yeux. Ce couteau, c’est la seule chose à laquelle il tient. Abandonner le couteau de son père, mort… Abandonner sa mère, seule, avec sa petite soeur… après avoir abandonner Simon à la mort…
La douleur, le regret l’envahit. Il tombe à genoux autant de fatigue que de désespoir. Il se cramponne à son couteau, le corps secoué de sanglot secs. Les larmes noires ne veulent plus couler. Les nuages se sont clarisemés et la lune est trop grande dans le ciel. Son sang s’est épaissi.
– C’est bon, tu peux garder ton arme si tu me jures de la sortir uniquement quand je t’en donnerais l’ordre.
Télémake souffle:
– Je jure sur Saint-Mickaël et sur la tête de ma soeur…
– Alors prends ça! S’écrie le moine en lui jetant quelque chose au visage.
Télémake le rattrape in extremi. C’est une gourde de plastique. Télémake l’ouvre et la renifle avec méfiance. Le chevalier a un demi-sourire :
– C’est juste du rhum. Lave la blessure pour arrêter la purification et bois-en un peu. Conduis-toi en homme, gamin.
*********
Le rhum est comme une traînée de feu dans son corps. Ils ont peu d’alcool fort dans la citée, à part de l’eau de vie de fruits et de blé sous bonne garde. Lorsque ses forces lui reviennent, Télémake sert de guide au moine-chevalier à travers les rues de la ville abandonnée. Les zombies sont rares dans les rues, ils s’accumulent plus loin sur les enceintes de la ville et ils se contrefichent d’eux.
Parce qu’on a plus de vie à leur donner…
Télémake trébuche soudain. Il se prend les rollers dans les crevasses de la route. Il n’en voit que la moitié dans la nuit. Les trottoirs et les routes de bitume sont fissurés par les mauvaises herbes et les arbres à papillons qui poussent n’importe où. Les buddleias forment parfois de véritables forêts, magnifiques en été. Mais on est au début de l’automne, les grappes de fleurs violettes au bout des longues tiges tombantes ont viré couleur rouille et il n’y a plus de papillons. A la demande du chevalier, il le conduit dans les rues qui montent vers la voie ferrée.
– Pourquoi tu ne prends pas la rivière? Demande-t-il après avoir trouvé assez de courage pour parler.
– Parce que je ne crains pas les morts, imbécile! Et tu devrais apprendre à craindre l’eau: Si tu tombes, tu ne pourras jamais remonter seul. Tu seras comme les cadavres pourris, emporté au fond de l’eau par le poids de tes pêchés.
Télémake frissonne en pensant à toutes les fois où il a bravé l’eau sans savoir. Il
La Ferté sur Marne est une ville typique de la région de la Brie telle qu’on en construisait au 17ème siècle. Les maisons à trois étages sont en pierre meulière recouverts de crépis écaillé. Les toits de tuile rouge sont bouffés par les mousses et crevés par les tempêtes maintenant que plus personne ne les répare. Seul les chats peuvent encore se balader dessus. Il y en a un qui les suit en cavalant de toits en toits. Un jeune chat de goutière au poil ras et aux reins creux. Il attend que les hunains laissent tomber à manger. Ou alors, il les guette. Ses yeux jaunes scintillent dans la nuit lorsqu’il tourne son regard vers eux. Télémake a envie de le chasser à coups de pierres.
Une fusée illumine soudain le ciel nuageux : une fusée rouge, qui annonce un mort, suivie d’une fusée verte qui annonce un disparu.
– On me cherche… Dit Télémake.
– Autant qu’ils te croient mort. Répond le chevalier avec un haussement d’épaule.
Télémake lui jette un regard noir.
– Notre bokor sait bien que je suis encore là. Le bokor sait tout, le bokor voit tout…
– Tiens! S’exclame soudain Télémake en désignant le chat qui les suit. ça se trouve, c’est lui ça!
Le chevalier se tourne vers les toits en portant la main à son épée, d’un coup, comme s’il allait dégainer. Télémake sursaute. Le chat s’enfuit. L’homme se retourne vers Télémake :
– Vous avez un bokor ?! Un vrai ? Il sait pour ton état ?
– Je lui ai rien dit!!! Mais le bokor a promis qu’il ne dirait rien à personne… Il a peur que les gens fassent pareil s’ils savent. Personne d’autre sait rien!
Le chevalier a une grimace mauvaise.
– Tu m’as menti gamin…
Télémake se mord les lèvres avant de se révolter :
– Mais qu’est-ce que ça change! Le bokor dira rien et les bokors savent déjà tout! Emmène-moi! Je te suivrais comme un bon chien!
L’homme n’a pas lâché la poignée de son épée. Télémake a envie de hurler de rage:
– Tu me crois pas?! Je rêve que de ça de foutre le camp! J’veux plus jamais revenir dans ce trou pourri, j’te jure!
Le chevalier lâche son arme et dit :
– Ne fais pas des voeux que tu pourrais regretter. Je dois parler à votre sorcier. Fais-moi entrer dans ton village. Je paierai mon tribu de sel.
Télémake baisse la tête:
– On est presque arrivé à la voie ferrée. La Porte d’En-Haut est dans la rue qui redescend de la gare.
En approchant des enceintes, les goules se font de plus en plus nombreuses. Mais elles les esquivent, repoussées par l’aura terribledu moine. Depuis que l’homme est aux aguets, Télémake a peine a soutenir sa présence, elle lui oppresse le cœur, c’est comme si une voix dans son esprit lui ordonnait de se tapir sous terre et de mourir.
– J’aurais voulu savoir faire ça… Murmure le garçon pour lui-même.
Le regret l’étouffe: Simon serait pas mort…
Le moine répond :
– Si tu avais été guidé au lieu d’être livré à toi-même, tu saurais déjà les contrôler. Ils n’ont plus d’âme céleste, ni de personnalité. Ils ne possèdent plus que l’âme sombre qui anime leur corps. L’énergie de l’ombre est comme un champ magnétique, tu peux la contrôler si la tienne est plus forte ! Les plus anciens prêtres de l’Ordre peuvent même contrôler le corps des vivants !
L’homme s’enflamme en débitant son sermon. Télémake lève des yeux étonnés vers lui. Le moine se méprend sur le regard insistant du garçon.
– Tu ne m’as pas compris gamin! Je ne tue pas si je peux faire autrement. Le secret doit être gardé et les hérétiques punis. Rares sont les hommes à survivre à une morsure, plus rare encore ceux qui ne succombent pas à l’appel du sang. Chaque âme que tu voles te condamne au 6ème cercle mais un vampire peut racheter ses crimes…
– En prêchant la bonne parole et en confisquant l’argent des ennemis de la foi ? Dit Télémake avec rancœur.
Il se mord la langue. C’est ce que les gens racontent. Tout le monde craint et envie l’Ordre de Saint-Mickaël. Le chevalier rétorque :
– Non, en obéissant aux préceptes de l’ordre, en sécurisant les routes, en convoyant le sel et en chassant les âmes égarées.
– Les âmes comme moi…
Le chevalier montre le serpent ailé sur son armure et dit :
– Je ne te tuerais pas si tu prends l’habit. Je ne tuerais pas si tu consacres ta vie à défendre Dieu et ses fidèles de ses ennemis.
Télémake a un rire amer. Ce n’est pas un choix. Il dit :
– Le bokor dit que vous soumettez les villes qui vous plaisent pas.
– On purifie les villes touchées par la décadence. Tu en sauras plus quand tu auras passé la cérémonie et pris l’habit.
L’homme ralentit le pas. Dans leur dos, un peu en hauteur, il y a une gare de banlieue aux murs de pierres meulières. Des briques rouges forment des arches autour des portes et des fenêtres. A leur pieds, en bas de la rue, il y a les grilles de la porte de la Ville-Haute. Elle donne sur l’ancienne voie ferrée car des vivants arrivent parfois par là. Le moine dit:
– Appelle les tiens, dis-leur d’ouvrir la porte. Je ne sais pas l’accueil qu’on réserve à l’Ordre dans ta ville.
– Je sais pas non plus, répond Télémake. T’es le premier moine à venir dans ce trou paumé…
– A quoi ressemble votre gouvernement ?
Télémake hausse les épaules :
– A rien, on a des assemblées et des comités pour tout et n’importe quoi.
– C’est bon signe. Dit le moine.
– C’est juste le bordel. Répond Télémake en se dirigeant vers le sas de grillage qui isole l’intérieur des enceintes.
Télémake se faufile entre les zombies qui s’accrochent à la grille comme des fauves tendent les pattes à travers les barreaux de leur cage. Les monstres s’écartent, repoussés par l’aura du moine qui le suit. Télémake commence par appeler:
– Hé!!! C’est le fils de Thérèsa! Je suis pas mordu! Ouvrez-moi !!!
Aucune réponse. Le garçon s’impatiente :
– Yo ! Y’a quelqu’un ?!!! On a le temps de crever ici !!!
Il lève les yeux pour apercevoir la sentinelle qui devrait être en faction sur les toits. Mais la nuit est encore noire et l’orage est proche. La sombre clarté de la lune est maintenant cachée derrière les nuages. Impossible de savoir s’il y a quelqu’un. Alors Télémake pousse un cri d’alerte, le cri le plus fort et le plus aigu qu’il sache faire : le hurlement du loup.
Il n’y a pas de mot de passe pour se faire ouvrir. Il faut juste attirer l’attention de la sentinelle. Mais sur les toits, il n’y a pas plus de réaction.
Le garçon délace ses rollers. Il prend son élan pour les lancer par-dessus la grille. Le craquement qu’ils font en heurtant le bitume ne lui dit rien qui vaille. Télémake soupire. Il les aimait vraiment ces rollers là… C’est pas demain la veille qu’il en retrouvera…
Le garçon grimpe sur un ballast de béton qui sert de lest à la grille. Puis il escalade l’étroit maillage d’acier. Les losanges de la grille sont juste assez larges pour y passer trois doigts et le bout des pieds. Les fils de métal lui coupe la circulation dans les doigts.
Pour ce que ça circule là-dedans...
Alors qu’il atteint le haut de la clôture, il appelle à nouveau. Personne. Il passe de l’autre côté avec précaution pour ne pas s’empaler sur les fils d’acier qui hérissent la grille.
En trois bonds le long du grillage, il parvient jusqu’au sol. Il est dans le sas. Télémake va à l’angle d’un pilier de béton et du mur d’un ancien primeur. On peut encore apercevoir sur le mur une fresque qui représente des raisins, des dattes et des tomates. Le garçon déplace un tas de débris de plâtre à l’angle du mur. Il trouve une clef. Il va ouvrir le cadenas de la grille extérieure et dégage la chaîne qui retient la lourde porte lestée de béton. Le moine chevalier entre. Il a rabattu la capuche de sa cape sur sa tête. Il garde la main sur la poignée de son épée d’argent. Il dit à voix basse :
– Cela sent le piège.
– Quel piège ? Répond le garçon en refermant la porte et en replaçant la chaîne. Je suis chez moi. On manque parfois d’hommes pour garder les portes, c’est tout ! Les passages bien sécurisés sont pas toujours gardés, c’est normal !
– Sécurisé ?! S’exclame le chevalier. Un passage où n’importe qui peut ramasser la clef ? Vous n’avez jamais eu affaire aux pilleurs ?
Le moine a une grimace sévère. Télémake sourit :
– La grille extérieure est pour les morts ! Ils ne savent pas utiliser des clefs ! Mais l’autre grille est pour les vivants, regarde !
Il montre la grille de l’enceinte intérieure. Elle est largement moins haute que la première. Mais des arcs électriques crépitent ça et là. Ce sont les papillons de nuit qui tournent autour des veilleuses et qui heurtent la grille électrifiée. Ils se font électrocuter.
– Et comment tu comptes la passer celle-là ? Demande le moine avec ironie. L’électricité ne te tuera pas mais elle te passera l’envie d’être né. On dit qu’il n’y a que le sel qui est plus douloureux que la foudre…
Télémake hausse les épaules :
– Pas la peine de passer la grille, on va venir nous ouvrir. C’est juste une sonnette géante !
Il attrape une barre de métal sur le sol et la lance contre la grille. Des arcs électriques fusent avec des crépitements. La barre reste collée à la grille quelques secondes avant de retomber. Une alarme retentit, sirène hurlante qui monte et descend dans les aigus. Le vacarme doit s’entendre à des kilomètres à la ronde.
Télémake frissonne en entendant cette sirène qui le faisait tressaillir quand il était enfant. Des choses affreuses suivaient toujours ce son là. Il se secoue et va récupérer ses rollers. Il s’assoit sur un des piliers de béton pour les relacer.
L’alarme se tait soudain. Le silence est suivi du bruit d’un boîtier que l’on referme en claquant. Une ombre sort de l’angle du mur.
C’est un homme grand et maigre, d’un peu plus de trente ans mais qui en paraît cinquante. Son visage noir est émacié. Il a des joues creuses et des yeux profondément enfoncés dans leurs orbites. Des dread locks striées de cheveux blancs tombent dans son dos. Il porte de nombreux colliers d’argent par-dessus une chemise hawaïenne rouge à fleur blanche. Le blanc de ses yeux brille dans la nuit. A ses pieds, un chien noir et blanc, au museau fin et aux yeux intelligents les fixent comme le ferait un humain. Des étincelles crépitent sur la grille entre l’homme à l’intérieur et celui à l’extérieur.
L’homme n’a pas coupé le courant, juste éteint l’alarme. Télémake stresse. Il dit :
– C’est vous qu’étiez de garde Bokor ? Pourquoi vous m’avez pas ouvert ?
Le bokor répond séchement :
– Je n’étais pas de garde. Le veilleur a quitté son poste. Il est parti risquer sa vie pour deux imbéciles déjà morts.
Télémake sent son cœur gonfler dans sa poitrine. Il baisse la tête et murmure :
– J’aurais préféré mourir que laisser Simon, je te jure…
– Tu es déjà mort. Dit le Bokor. Mais ta mère sera heureuse de te revoir. Même si tu as ramené le démon avec toi.
Le sorcier plisse les yeux en regardant le moine. A ses pieds, le chien se secoue. Son bandana jaune fluo est comme une luciole dans la nuit. L’animal se déplace pour se placer devant son maître. Il montre les dents au moine et gronde. Au même instant, une voix retentit :
– CELYN !?
Une voix qui fait se figer Télémake. Il ose à peine lever les yeux. Un attroupement s’est formé sur le toit. Une femme aux cheveux crépus se détache de la masse, silhouette noire sur fond rouge sombre. Elle se penche sur le garde- fou du toit en pente. Elle demande :
– Celyn ? C’est toi, mon chéri ?
Le garçon ouvre la bouche pour répondre mais un ordre l’interrompt :
– Qui est avec toi ?! Répond!
C’est la voix d’un homme aux larges épaules qui se détache du petit groupe comme un général se détache de ses troupes sur un champ de bataille. Un homme que Télémake n’aime pas. Un homme qui a eu de la chance de ne jamais croiser son chemin quand la lune était trop rouge. Le garçon ne lui répond pas. Il se tourne vers le chevalier. Il ne sait même pas son nom.Alors que le chevalier va parler, le bokor crie:
– Ne lui ouvre pas Ramon ! C’est un chien de garde de l’ordre. Il est venu détruire notre cité !
La Suite Demain! Episode 4: Tsadkiel
PS, c’est brut de rédaction, Marathon Nanowrimo oblige! Si tu as des corrections ou des remarques, n’hésite pas à me contacter!
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