Méthode pour devenir écrivain : Le voyage du héros de Christopher Vogler

tampon vecu « Mais dis tata, à la fin, le héros bossu, il se transforme en beau prince? »
« Bah non, il reste comme ça. ».
O_O

Méthode pour devenir écrivain : Le voyage du héros de Christopher Vogler

couverture du livre de christopher vogler sur le voyage de l'écrivain en version anglaise, lien amazon sur l'image

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En trois mots : Les mythes fonctionnent

L’essence :

Les histoires répondent à un besoin psychologique profond, une quête de vérité exprimée dans les mythes et contes de fées antiques. Ainsi, les mythes (et les Disney ^-^) suivent le schéma d’un voyage initiatique dans un autre monde :  le héros quitte le confort de l’habitude, prend des risques pour obtenir quelque chose et il en revient grandi.

La structure :

Après une courte introduction, Vogler introduit les archétypes, les masques que portent les personnages d’une histoire. Puis il introduit les différentes étapes du voyage du héros. A la fin, il donne quelques clefs sur ce qui fait de grandes histoires.

Ce que j’en retiens :

Sur le rôle des personnages dans une histoire: Les archétypes:
L’archétype est la fonction d’un personnage, son rôle dans l’histoire et son rôle psychologique pour le héros. Cela ne fait ni son histoire ni son caractère. Un même personnage peut du reste porter plusieurs masques. La liste ci-dessous est incomplète et ne traite pas de tous les aspects psychologique, dramatiques etc. abordés dans le livre. Vogler donne également des déclinaisons de chaque fonction pour différents genres : romance, policier…
1. Le Héros: Au-delà de la force ou de la bravoure, par définition, le héros est celui qui est prêt à se sacrifier pour le bien de la tribu. Mais c’est également celui qui vivra l’initiation. Au début de l’histoire, il a des qualités, des défauts et des aspirations. C’est cela qui permet l’empathie et l’identification des lecteurs avec le héros. L’aventure permettra au héros d’exprimer ses qualités, de réparer ses défauts et de combler ses vœux : en un mot « grandir ». 
2. Le Mentor : Le personnage qui instruit le héros, le guide, le protège et parfois lui donne des cadeaux.
3. Le Gardien du Seuil : C’est celui qui garde le seuil de l’autre monde. Il teste le héros. 
4. Le Hérault : Celui qui appelle à l’aventure mais aussi qui appelle à un changement chez le héros. 
5. Le Métamorphe : Aussi appelé l’insaisissable. Il peut être la femme fatale, l’ami imprévisible. 
6. Le Filou : Souvent un comique, il porte l’énergie du changement et révèle la vérité par des accidents, des lapsus révélateurs… 
6. L’Ombre : Il représente l’énergie du côté obscur, l’inverse du héros mais aussi ce qu’il redoute le plus. L’ombre doit être vaincue par le héros. L’ombre peut être un ennemi juré ou simplement un antagoniste, un rival, qui entre en conflit avec le héros car il a des intérêts ou une vision du monde différente. Il est important d’humaniser l’ombre avec des qualités, des rêves et des faiblesses. Ainsi, lorsque le héros fera le choix de le tuer (même métaphoriquement), son acte relèvera d’un choix moral, pas d’un acte réflexe sans importance.

Sur la structure mythique d’une histoire :

Le voyage du héros compte 12 étapes dont l’appel à l’aventure, le passage du seuil (le héros doit affronter une épreuve pour se lancer dans l’aventure), l’ordalie (le moment où le héros affronte ses plus grandes peurs ou semble mourir, moment de grand désespoir), la récompense et la résurrection (nouvel ordalie qui montre que le héros a progressé). Le voyage peut être littéral ou être un voyage intérieur dans le cas d’une romance par exemple.

Le voyage du héros sur une sphère avec les 12 étapes1. Monde ordinaire : Exposition des personnages, de sa réalité, présentation, des défauts, des besoins et des vœux du héros ou du déséquilibre à l’œuvre dans son univers 
2. Appel à l’aventure : Incident déclencheur, rupture de l’équilibre, message qui appelle le héros au changement
3. Refus de l’appel : Souvent le héros a peur de se lancer dans l’aventure. S’il n’a pas peur (cela arrive), quelqu’un exprime ses doutes à sa place : changer comporte un risque 
4. Rencontre du mentor : Bien souvent, c’est le mentor qui permet au héros de surmonter ses peurs. Mais pas forcément. Le mentor peut apparaître à un autre moment. Le héros est parfois poussé en avant par son ombre.
5. Passage du seuil : Il s’agit d’un acte de volonté. Une épreuve attend souvent le héros, un gardien du seuil peut bloquer la porte. Métaphoriquement, le héros franchis la porte de l’autre monde
6. Tests, alliés et ennemis : Le héros subit une série d’épreuves pour comprendre les règles de l’autre monde, pour devenir plus fort mais aussi pour obtenir des alliés 
7. L’approche de la cave secrète : Avant de pénétrer dans l’antre du méchant, la compagnie prépare un plan, affute ses armes, se prépare au risque à venir,
8. Ordalie centrale, Mi-chemin, Mort et Renaissance : Un des climax de l’histoire. Le héros se confronte à ses plus grandes peurs. Il subit un revers, manque de mourir (même métaphoriquement). Ce moment de grand désespoir est suivi d’une renaissance.
9. Récompense : Le héros en ressort transfiguré, il a acquis un nouveau pouvoir, une sagesse nouvelle. C’est aussi souvent un moment de bilan où on regarde en arrière
10. Route du retour : Le héros doit retourner dans son monde mais l’ombre n’a pas dit son dernier mot. A ce stade, l’histoire a besoin d’énergie, une course poursuite est la bienvenue 
11. Renaissance : Le héros a grandi mais il n’est pas encore au bout de son évolution. Une nouvelle ordalie dont le héros triomphe. Il a progressé, il se montre souvent capable de faire une chose dont il était incapable en 1. 
12. Retour avec l’élixir : Le héros ne ramène pas seulement quelque chose pour lui mais aussi pour la tribu.

On associe à chacune de ces étapes les scènes qu’on a déjà imaginées et on écrit celles qui manquent. Le livre apporte beaucoup plus de détails.

La transformation du héros:

A ces 12 étapes correspondent 12 paliers de l’arc du personnage, car au fur et à mesure de son voyage, le héros évolue. On ne lit pas une histoire pour voir des explosions de voitures, on veut voir un héros progresser.

mise en parralèle de l'arc du voyage du héros et de l'arc de trasformation du hérosTraduction : Conscience limitée, Conscience augmentant, Résister au changement, Surmonter, S’engager, Expérimenter, Préparer, Grand changement, Conséquences, Nouveau dévouement, Tentative Finale, Maîtrise

Pas la peine d’essayer d’appliquer une formule magique. La structure suggérée ici est une carte routière que l’on étudie avant de partir et à laquelle on se réfère quand on est perdu. Les besoins de l’histoire priment sur la structure, la fonction sur la forme. Si aucune scène ne correspond, réinvente le template!

Sur la force d’une histoire:

(Ces idées viennent de sa masterclass organisée par Les Editions Dixit).

  1. Pour que l’audience s’identifie au héros, il faut que celui-ci soit humain, c’est à dire qu’il soit imparfait et qu’il soit animé de volonté et de besoins parfois inconscients.
  2. Les histoires sont comme les fées, elles répondent aux voeux, souvent formulés par le héros au début de l’histoire. Mais l’histoire va te montrer que les voeux conscients sont souvent différents des besoins inconscients. Toute bonne histoire doit posséder ce second niveau d’intrigue.
  3. Une bonne histoire pousse l’audience à faire le voeu avec le héros. Pour cela, le voeu doit devenir un acte de volonté par des choix répétés. Un héros doit être actif, s’il ne l’est pas au début de l’histoire, il doit finir par prendre son destin en main.
  4. Une histoire est une leçon vivante d’un thème, par exemple: “le mal ne paie pas”. Le thème est la colonne vertébrale de l’histoire. Si certaines scènes ne peuvent pas être rattachées à ce fil rouge, il faut se poser la question de leur utilité.
  5. Une scène est un échange entre les personnages ou entre l’histoire et le lecteur: les rapports de force s’inversent, des informations sont données… Encore une fois, si la scène n’apporte rien, il faut se poser la question de la supprimer.
  6. Coupe! Supprimer une scène ne diminue pas l’énergie de l’histoire, tu ne fais que la focaliser sur les autres scènes.
  7. Les conflits apportent de l’intérêt à l’histoire et c’est les polarités qui créent des conflits: Homme/Femme, Bien/Mal, Nature/Civilisation ou simplement des points de vue différents. Les contrastes entre les scènes ravivent aussi l’intérêt des lecteurs. Calme/Action, Espoir/Désespoir, Amour/Haine.
  8. Une histoire est une échelle de sensation, plus elle avance, plus les émotions de l’audience augmentent vers la catharsis. Il faut enchaîner le calme et les climax et garder la scène avec le plus d’énergie près de la fin.
  9. L’histoire délivre une justice poétique. C’est pour cela qu’on attend que les méchants soient punis et qu’on déteste les histoires qui finissent en point d’interrogation. C’est notre côté enfant.

Petit exercice pratique :
Regardez Star War, le tout premier, celui qu’on appelait La Guerre des Etoiles dans ma jeunesse. Observez sa structure ^-^
Pour info, George Lucas n’a pas lu Vogler, mais il a lu Campbell. Et ils semblent être parvenus aux mêmes conclusions…

J’ai toujours un avis sur tout :

🙁 Comme toutes les méthodes hollywoodiennes, les scénaristes et script doctor en abusent et appliquent les 12 étapes à la lettre, bêtement et sans passion parfois pour délivrer des messages odieux.

🙂 Mais je suis persuadée que Vogler a raison. Il faut juste écouter sa muse et laisser la méthode au second plan! Mais il faut connaître la méthode pour être capable de jouer avec les attentes de ses lecteurs et leur donner ce dont ils ont vraiment envie, voire besoin. Avant d’écrire sa poésie en prose, Rimbaud a composé de brillants alexandrins.

Sa masterclass est un trésor d’idées et d’énergie positive, je la recommande à tous ceux qui rêvent de devenir écrivain. Inscrivez vous à la session du 11 au 13 avril 2016 organisée par  les Editions Dixit

Bonne chance à vous dans vos projets! =^-^=


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Auteur : Ghaan Ima

J’écris depuis 10 ans, j’ai des idées plein la tête d’univers de SFF inspirés de mangas : geeks, otakus, anarchistes sur les bords et un peu barrés.

  • On avait brièvement échangé sur le sujet auparavant, mais je suis assez d’accord avec toi sur les fondements d’une histoire. A quelques étapes près je suis même quasiment certains que tout auteur applique au final cette simple observation du déroulement d’une quête qui s’applique vraiment bien à l’art visuel (pièce, fiction télévisée, film) et se vérifie presque à coup sûr chez tout rêveur.

    J’avoue ne pas être un grand fan de méthode(s), ceci étant je reconnais que celle-ci qui établie certains paramètres dans les fondations d’une histoire est différente de celles auxquelles je pensais en affirmant ne pas y prêter attention (expliquant par exemple en long, en large et en travers pourquoi il faut un nombre déterminé de syllabes dans tel type de réplique ou une recette magique pour faire un « best-seller » (yeurk)).

    Au contraire je trouve l’idée intéressante car basée sur l’observation d’une sorte d’inconscient collectif dans le fameux cheminement du héros qui peut largement convenir/s’adapter à tous genres d’histoire.

    Très bel article en tout cas !

    • Merci beaucoup!

      C’est intéressant que tu abordes l’inconscient collectif. C’était le grand débat lors de la formation: est-ce que cette trame mythique vient de l’inconscient collectif ou est-ce parce que toutes les histoires anciennes sont issues d’une histoire originelle. Mais je parie plus sur l’inconscient aussi! Cela me rappelle les théories de Bruno Bettelheim dans psychanalyse des contes de fées (à prendre avec des pincettes aussi!)
      Moi non plus, je n’aime pas les recettes magiques pour faire un best seller, d’autant plus que si je voulais les appliquer, je me retrouverais à écrire des histoires que je ne voudrais surtout pas lire!!
      Je respecte aussi beaucoup Vogler car il s’évertue à essayer d’éduquer la machine d’Hollywood, qui ne pense qu’au profit immédiat et se contrefiche des valeurs morales transmises. Il fait ce qu’il peut pour faire changer les mentalités. Il avait aussi un très beau message disant que toutes les histoires méritent d’être écrites et qu’il ne faut jamais cesser d’écrire.

    • Je crois qu’on se rejoint sur l’inconscient effectivement, l’autre solution évoquée rendrait la capacité créative de l’homme bien triste .
      C’est un très beau message effectivement, que l’on ne peut que confirmer en tant qu’écrivains =).

  • […] Christopher Vogler (encore un autre mentor ^^) conseille toujours de mettre une scène de « feu de camp » après le moment le plus fort d’un film. Lors de cette scène, les héros prennent le temps de se poser, de faire le bilan du chemin parcouru et de ce qu’il reste à parcourir. Avec l’écrit, je crois que d’une certaine façon, le feu de camp est nécessaire après chaque longue séquence d’action. Attention donc, à bien doser ses cliffhangers! […]

  • Bonjour,

    Je suis heureux de voir que des articles fleurissent sur la méthode Vogler.

    J’ai participé à la masterclass à Lyon avec Vogler à l’initiative d’Alexandre Astier. C’était vraiment très enrichissant.

    Si toutefois cela peut aider vos lecteurs alors sachez que j’ai reproduit une partie de mes notes de cette masterclass ici :

    http://florentmarotta.com/methode-vogler/la-methode-vogler-pour-lecriture-scenaristique/mes-notes-de-la-masterclass-avec-christopher-vogler/

    Bien à vous.

    F.